Porcs : l'Espagne affiche une progression remarquable de sa filière porcine

Année après année, l’Espagne progresse vers la première place dans le domaine de la production porcine en Europe. Si l’Allemagne reste encore le premier pays producteur en volume de viande porcine, l’Espagne affiche le premier cheptel de fin d’année depuis 2015 (30,2 millions d’animaux fin 2017 contre 27,6 pour l’Allemagne) et de loin le plus large effectif en truies gestantes. La productivité reste à la traîne mais le pays affiche une remarquable progression de la production et des exportations de charcuterie, conséquence d’une complémentarité entre les méga-structures de l’élevage intensif et la préservation de races à haute valeur ajoutée.

L'événement illustre parfaitement la place accordée par l'Espagne à la production porcine : L'italien Pini, spécialiste des grandes installations d'abattage et de transformation porcine, présent notamment en Pologne, construit un abattoir géant à Binéfar, dans la Province d'Aragon, avec l'appui des autorités locales qui ont mis à sa disposition un terrain d'une quinzaine d'hectares. Prévu au départ pour abattre 3 millions de porcs, l'outil pourrait à terme en abattre plus de 6 millions, l'équivalent du quart de la production annuelle française...

En 2017, pour la première fois, le nombre de porcs charcutiers sortis des élevages espagnols a sans doute très légèrement dépassé celui de l'Allemagne : les deux pays ont abattu environ 50 millions d'animaux. Mais pour cela, l'Espagne est contrainte de gérer un cheptel nettement plus important, car sa productivité est moindre. Est-ce un vrai problème si la valeur ajoutée est au rendez-vous ? L'avenir de la production porcine espagnole semble plutôt rose.

Un premier constat : la progression de la production espagnole depuis vingt ans est particulièrement dynamique. En dix ans (2006-2016), l'Espagne a augmenté sa production de 30 % contre 20 % pour la production allemande et 15 % aux Pays-Bas1. Mis à part la Grande Bretagne, qui a en réalité inversé ces dernières années une forte et ancienne baisse tendancielle, tous les autres pays d'Europe ont vu leur production stagner, voire baisser ces dix années passées.

À cela, deux raisons : d'une part une organisation de la production basée sur une intégration très forte, en cheville avec des grosses entreprises d'abattage et de transformation, parfois directement propriétaires des élevages. D'autre part une contrainte environnementale encore légère et bien gérée, à l'inverse des pays du Nord où la limite est aujourd'hui atteinte, tout comme dans le bassin traditionnel de production qu'est la Bretagne. Et puis il y a la volonté commune et le consensus...

La destination principale de la viande porcine espagnole est la charcuterie, en particulier à l'exportation : près de la moitié de la viande produite est destinée aux marchés étrangers, pour partie sous forme de pièces, mais principalement sous forme de charcuterie. Les quelques deux millions de tonnes exportées - plus que la production française - représentent 86 % des exportations de produits carnés, pour une valeur de 4,5 milliards €. Qu'il s'agisse de charcuteries d'appellation, à base de porc ibérique (le « Pata Negra », appellation protégée) ou de recettes charcutières certifiées comme le Serrano à base de porc blanc, l'image du porc espagnol reste plus que jamais synonyme de qualité et d'authenticité.

Cet article est extrait de la revue Prisme, l'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire (mars 2018)

Lire tout le dossier : PRISME n° 20 – mars 2018 - L'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire