L’eau, l’autre composante d’une application phyto

Les caractéristiques physico-chimiques de l’eau peuvent avoir une forte influence sur l’efficacité des matières actives. Une source d’optimisation, pour ne pas dire de réduction, expertisée et mise en pratique par les stations Eqo Modul.

Incorporé dans une eau, à pH 10, le captane se dégrade en l'espace de trois minutes alors qu'il restera stable 32 heures dans une eau à pH 4. Dans un autre registre (herbicide), une bouillie à base de desmediphame sera stable à pH 7 mais deviendra totalement inactive en 6 minutes dans une eau à pH 9. Ces deux exemples sont fournis par la société Eqo SA, basée à Auch (Gers) et qui a inventorié ainsi l'ensemble des matières actives homologuées en France sur la base de trois paramètres que sont le pH, la température et la conductivité. « Les produits phytosanitaires présentent une grande variabilité quant à leurs conditions optimales d'utilisation », indique Audrey Duran, co-fondatrice d'Eqo. « Quant aux agriculteurs, la qualité de leur eau peut varier dans le temps en fonction par exemple de leur origine : puits, adduction, récupération, réseaux d'irrigation. Notre station prend en compte à la fois les caractéristiques de l'eau en présence et la nature du produit à appliquer pour conditionner l'eau et faire en sorte que les matières actives soient plus efficientes ».

Conditionnement

Par « conditionner » l'eau, Eqo agit sur trois paramètres physico-chimiques que sont le pH, la conductivité et la température. Le pH interfère sur la stabilité et donc sur la durée de vie. La conductivité améliore la rapidité de pénétration dans la plante et évite les phénomènes d'évaporation. Quant à la température, passée 18°C, elle participe à uniformiser la bouillie et à améliorer la conductivité. Outre l'interaction sur ces trois paramètres, la station Eqo Modul assure deux autres fonctions que sont la filtration des matières organiques en suspension et la déminéralisation. Cette dernière, réalisée au moyen d'un filtre sur lit de résines, a pour objet de capter les sels minéraux et cations métalliques (fer, magnésium, calcium) susceptibles de neutraliser partiellement l'action des matières actives. Quant aux matières organiques, elles contribuent à les agréger et à les soustraire ainsi de leur cible finale.

Optimiser, pour ne pas dire réduire

La station Eqo Modul se présente sous la forme d'une cabine comprenant tous les éléments de traitement. Sa mise en route nécessite un raccordement à l'électricité et à l'eau d'alimentation, ainsi qu'aux cuves tampons dans les lesquelles la bouillie conditionnée est stockée avant son transfert dans le pulvérisateur. Le dimensionnement des cuves ainsi que leur nombre est adapté au profil de chaque exploitation ou d'un groupe d'exploitations, l'Eqo Modul pouvant faire l'objet d'un achat à plusieurs ou en Cuma.

A l'intérieur de la cabine, un tableau de commande à écran tactile permet d'automatiser la préparation en fonction des paramètres de l'eau et des produits phytosanitaires, ainsi que de la quantité de bouillie à préparer. L'optimisation rime évidemment avec réduction mais, comme il est d'usage en matière de phyto, Eqo ne s'engage pas sur ce terrain. Le gouvernement, qui vient de réaffirmer les objectifs assignés au plan Ecophyto II+, ne s'embarrasse pas d'autant de précautions. « Le but d'Eqo Modul est de renforcer l'efficience des traitements », indique Audrey Duran. « Certains gagneront en efficacité à dose égale pendant que d'autres réduiront les doses tout en conservant un excellent niveau de protection ».

Les retours d'expérience d'Eqo font état d'une économie moyenne comprise entre 20% et 30%, ce qui crédite la solution d'un retour sur investissement compris en quelques campagnes (voire une seule en arbo) selon la typologie des exploitations, les plus consommatrices, à l'ha ou au global, étant évidemment plus rapidement bénéficiaires.

Depuis sa création en 2016, Eqo a installé des stations en arboriculture, en viticulture et en grandes cultures et vient de réaliser ses premières ventes à l'export.