La Limagne enterre ses betteraves sucrières

La sucrerie de Bourdon à Aulnat (Puy-de-Dôme) a commencé à réceptionner ses dernières betteraves. Les agriculteurs se mettent en quête de cultures alternatives. Pas gagné, pas perdu non plus.

Une tête d'assolement, une culture participant à l'isolement des productions semencières, une source de coproduits pour l'alimentation animale, une espèce parmi les mieux valorisées, un savoir-faire ancestral, une part de l'identité agricole auvergnate. C'était la betterave sucrière.

"On vient de démarrer la 182ème campagne d'arrachage et c'est très probablement la dernière", se désole Baptiste Arnaud, président des JA du Puy-de-Dôme, et producteur de betteraves. "En prime, cela risque bien d'être la plus catastrophique en rendement et aussi la plus courte car on a des parcelles à moins 10 t/ha, qui ne seront même pas récoltées car ne couvrant pas les frais d'arrachage ". Celles-là seront définitivement enterrées...

"Des coopérateurs jettent d'autres coopérateurs"

Le 18 avril dernier, le groupe coopératif Cristal Union a annoncé son intention de fermer la sucrerie de Bourdon, avec laquelle elle avait fusionné en 2011. Le 2ème groupe sucrier français, au même titre que les autres industriels français et européens, est mis à rude épreuve par l'effondrement des cours mondiaux. Le président des JA dénonce la forme et le fond. "L'annonce, juste après les semis, a été aussi malvenue que brutale. Dans cette histoire, des coopérateurs jettent d'autres coopérateurs, au motif qu'ils ne sont pas compétitifs. Vous imaginez Sodiaal se séparer de producteurs laitiers au motif qu'ils coûtent trop cher ? Nous n'étions pas plus compétitifs quand la fusion s'est réalisée mais Cristal Union s'était engagé à pérenniser l'activité".

Espoirs

Environ 90 emplois sont menacés tandis que 4.000 ha répartis entre 300 planteurs vont devoir trouver un nouvel usage. Les entreprises d'arrachage sont les autres victimes collatérales de la fermeture, sans quasiment aucun espoir de redémarrage. "Il faut abandonner l'idée que l'on va produire de la betterave à destination du sucre, y compris en bio", relève Baptiste Arnaud. "Peut-être pour les animaux. Ici au Sommet de l'élevage, des projets alternatifs nous ont été proposés par différentes personnes. C'est réconfortant. Il  y a des choses qui n'aboutiront jamais mais cela fait renaître l'espoir ".