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Le guide de l'assurance récoltes
Métier expert agricole : « Trouver la juste indemnisation »
La réforme de l’assurance récoltes constitue une petite révolution pour de nombreux agriculteurs. Pas forcément pour les acteurs de la chaîne assurantielle : ils sont déjà en place, prêts à se mettre au service d'un plus grand nombre d'assurés. Un maillon essentiel de cette chaîne est l'expert agricole. Pierre-Eric Munoz est l'un d'eux.
« Je suis expert agricole depuis une trentaine d'années. C'est un très beau métier, à la fois très technique et très humain. Nous évaluons des dégâts sur des cultures, mais ce sont des personnes que nous avons en face de nous », décrit Pierre-Eric Munoz. Basé dans l'Ariège, et intervenant surtout dans le sud de la France, Pierre-Eric Munoz a longtemps été à la tête de son propre cabinet indépendant, avant de créer, avec 9 autres cabinets indépendants, le GIE Terrexpert (lire encadré ci-dessous).
« Il y a plusieurs manières de devenir expert en dommages agricoles », explique Pierre-Eric Munoz, « par la pratique, c'est-à-dire en étant soi-même agriculteur, et par la formation : il existe un master 2 spécialisé et une certification officielle. Le métier se professionnalise. Pour ma part, j'ai fait les deux : j'ai été producteur de semences et j'ai une certification. Je gère d'ailleurs encore mon exploitation, en lien avec un salarié. C'est toujours bien d'avoir un pied dans la production agricole ».
« Lorsqu'un assuré déclare un sinistre, sa compagnie missionne notre GIE, qui nous affecte le dossier en fonction de son secteur et de sa typologie ; certains dossiers peuvent avoir besoin d'interlocuteurs plus pointus. Le GIE délivre un accusé de réception et, en général, l'expert contacte l'assuré dans les 24 à 48 heures. On prend ensuite en main toute l'organisation des visites. Nous avons un gros pic d'activité entre mars et septembre, nous y sommes habitués. »
Le cabinet TerrexpertTerrexpert est une structure unique en son genre, constituée il y a 13 ans sous la forme d'un GIE (Groupement d’intérêt économique) par dix cabinets d'expertise indépendants, au service de toutes les compagnies d'assurances ayant une activité agricole. Présidé par Vincent de Langlade, Terrexpert constitue ainsi un réseau d'environ 150 experts pouvant intervenir sur toute la France et sur tous les types de dossiers (des plus simples aux plus techniques). « Être organisés en réseau nous permet d'avoir plus de synergie, plus de complémentarité, plus de rapidité pour répondre aux demandes des assureurs », commente Baptiste Mathias, référent technique national récoltes chez Terrexpert. « Au sein du réseau, nous améliorons et standardisons nos process. Le réseau permet aussi le partage d'informations et d’expériences, ou encore la formation des jeunes experts ». Disposer d'une structure nationale offre également une interface de dialogue avec les assureurs, notamment pour suivre les évolutions des contrats, ou pour anticiper les activités. « Nous surdimensionnons systématiquement notre réseau, et cela nous a été bien utile lors du gel du printemps 2021, où presque tous nos adhérents ont travaillé 6 jours sur sept et multiplié par trois le nombre de leurs missions ». Chaque année, Terrexpert gère environ 23 000 à 25 000 dossiers de sinistres agricoles et environnementaux, dont plus de la moitié sont des dommages aux récoltes. |
Une relation de confiance avec l'assureur
Parfois, pour faire une évaluation de dégâts, une seule visite suffit, par exemple lors d'une grêle sur un verger au mois d'août. Mais la plupart du temps, l'expert aura plusieurs visites à faire : juste après l'aléa (par exemple un gel sur les vignes ou une vague de sécheresse sur des céréales), en cours de saison, et enfin, au plus proche de la récolte. « On se déplace sur les parcelles touchées, mais notre travail consiste aussi en la vérification contractuelle des contrats d'assurance et des références comptables, et, éventuellement, des équipements de protection ayant donné lieu à des réductions de primes. Nous réalisons des fiches à chaque visite et assurons une traçabilité totale de la procédure. Nous avons un bon soutien de nos assistants administratifs, qui assurent la remontée des rapports dans les 48 à 72 h à l'assureur. Tout doit aller très vite ».
« Notre travail est terminé lorsque la récolte a eu lieu et que nous proposons un rapport d'évaluation avec une proposition de règlement validée par l'assuré. L'assureur nous confie le chiffrage des indemnités. C'est une relation de confiance. Nous sommes aptes et formés pour cela. Nous sommes payés soit au forfait à la mission, soit à la vacation horaire, mais jamais en fonction des économies que l'on ferait faire à un assureur ! Si on n'indemnisait pas assez, cela se saurait vite sur le terrain ! Notre travail, c'est de calculer la juste indemnisation. »
« Même pour des assurés, les incidences d'un aléa sont parfois lourdes, avec la franchise, et, parfois, des dégâts qui s'étendent sur plus d'une année. Avec la réforme de l'assurance récoltes, on espère que les agriculteurs vont souscrire en masse, pour éviter les drames que nous observons chez des non-assurés ».
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