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Le guide de l'assurance récoltes
Une culture de la gestion des risques à développer
Pays tempéré, la France n'avait pas, jusqu'à assez récemment, affronté de catastrophes climatiques récurrentes. Mais désormais, l'époque des aléas ponctuels est révolue. Dans le nouveau contexte climatique, il faut développer une culture de la gestion des risques dans le monde agricole.
« La pratique de l’analyse des risques est globalement insuffisante au sein des entreprises agricoles » : dans son rapport réalisé lors de l'examen en commission du projet de loi de réforme des outils de gestion des risques climatiques en agriculture, le député Frédéric Descrozaille soulignait « le manque de culture du risque des agriculteurs français ».
Des diagnostics risques depuis 2003 en Paca
Dans cette culture du risque, toutefois, certaines régions avaient pris une certaine avance. C’est le cas du bassin versant du Rhône, suite aux dramatiques inondations de 2002 et 2003. « Les chambres d'agriculture du Rhône aval ont mis en place des diagnostics d’exposition au risque d'inondation », retrace André Bernard, président de la chambre d'agriculture de Provence-Alpes-Côtes d'Azur (Paca) et vice-président des chambres d'agriculture France. « En analysant l'exposition au risque, on a pu diagnostiquer les vulnérabilités et mettre en place des mesures pour les réduire, comme des plantations de haies, des surélévations de cultures, des sécurisations de systèmes... ».
Sensibilisé par la force des choses à cette culture du risque, André Bernard a figuré parmi les représentants professionnels ayant œuvré à la réforme des outils de gestion des risques climatiques en agriculture. « Avant, dans une carrière d'agriculteur, on avait peut-être un, voire deux aléas climatiques d'ampleur. Désormais, les agriculteurs ont beaucoup plus de risques à supporter dans leur carrière ».
Le risque sécheresse et la gestion de l'eau
« L'un des risques climatiques récurrents ces dernières années, c'est la sécheresse », poursuit André Bernard. C'est pourquoi il rappelle qu'aux côtés du système assurantiel, la gestion de l'eau, avec la création de retenues, l'aménagement de systèmes d'irrigations, constitue un pilier de la sécurisation des productions agricoles. C'est d'ailleurs dans le cadre du Varenne agricole de l'eau, à l'été 2021, que la loi de réforme des outils de gestion des risques a été bâtie.
Si la gestion de l'eau est fondamentale, elle n'est évidemment pas le seul outil mobilisable face à la sécheresse : les modifications des variétés ou des espèces cultivées, les adaptations d'assolements, les changements de pratiques, les installations d'équipements d'ombrage, en sont d'autres. Tout comme les filets anti-grêle, les tours antigel, les systèmes d'aspersion sont des outils permettant de réduire l'exposition aux risques de grêle ou de sécheresse. Les chambres d'agriculture et les instituts techniques travaillent déjà sur ces thématiques, mais selon André Bernard, il sera nécessaire d'augmenter les efforts de recherche autour de toutes les techniques et pratiques augmentant la résilience des exploitations.
Une part intégrante du projet d'entreprise
Fin 2019, l'APCA et les Jeunes agriculteurs ont travaillé en concertation autour de la question de la sensibilisation des agriculteurs à la gestion des risques. Ils estiment qu'il devient nécessaire de l'enseigner dans les formations initiales agricoles, dans les formations continues proposées aux exploitants, mais aussi plus largement auprès des différents partenaires de l’agriculture. Ils préconisent aussi d'en faire un élément important du « parcours à l'installation ». La gestion des risques pourrait également devenir demain un élément déterminant l'accès à des prêts bancaires.
L'une de leurs propositions serait de créer une sorte de « carnet de santé de l'exploitation », dans lequel serait consigné l'accompagnement en matière de résilience (cartographie des risques, diagnostics, plans d'actions, suivis). Ce carnet de santé ferait partie du projet d'entreprise dès l'installation, et serait mis à jour lors de grandes étapes de la vie de l'exploitation. « Comme assurer sa santé, son matériel, gérer ses risques climatiques doit devenir un réflexe », conclut André Bernard.
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