4 matériaux pour stabiliser les chemins d’accès au pâturage

Un pâturage réussi repose sur des chemins d’accès stabilisés et praticables. Dans le but d’améliorer leurs propres installations, un groupe d’éleveurs en Loire-Atlantique a visité quatre exploitations avec quatre matériaux différents pour pérenniser ces infrastructures internes à la ferme.

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Le groupe d’éleveur a visité 4 élevages dans la journée

C’est peu dire que le printemps, voire même l’été, 2024 auront mis à l’épreuve les chemins d’accès au pâturage. L’humidité constante n’a pas permis au sol de sécher et dans bien des cas les vaches ont défoncé les structures existantes.
Pour faire face à ce problème, le groupe 30 000 prairies de Loire-Atlantique, sous l’égide de Rudy Lavazais, conseiller prairie de la chambre d’agriculture, a organisé une journée de visite afin d’étudier plusieurs techniques et matériaux permettant d’augmenter la durabilité des chemins d’accès aux pâtures.

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Quand l’état du chemin se dégrade, les vaches passent en file indienne sur les caillebotis

Les caillebotis en plastique

L’un des élevages visités par le groupe a fait le choix d’investir dans des caillebotis en plastique pour refaire la première centaine de mètres du chemin d’accès qui dessert 18 ha. « J’ai commencé par renforcer la partie la plus abîmée dans une montée de butte avec des caillebotis pour bâtiment porcin positionnés au centre du chemin. Le premier constat était positif. Les vaches ne glissent pas dessus et les boiteries ont diminué » analyse Vincent Legenthilhome, éleveur de 42 vaches laitières à Campon. Satisfait du résultat, il achète ensuite des caillebotis plus larges et ajourés, conçus pour réaliser des parkings, auprès d’une coopérative agricole locale. Le coût s’élève à 25€ pour des pièces de 1 m x 1m30. L’éleveur trouve ensuite des équipements similaires auprès d’un éleveur de volailles sur internet, mais cette fois moins ajourés et pour la somme de 3€/pièce. « Il faut vraiment regarder sur le marché de l’occasion, il y a des choses intéressantes » assure-t-il. Les caillebotis sont posés sur un remblai, puis une couche de cailloux 0-20 et une couche de sable gris. Une dernière couche de sable a ensuite été disposée par-dessus les caillebotis. « Cela fait quatre ans qu’ils ont été posés. Il faudrait aujourd’hui que je remette une couche de sable par dessus » prévoit-il.
Dans l’ensemble, les caillebotis se sont bien tenus sur cette période. Comme pour un chemin en gravier/sable, ils sont plus abîmés dans la partie à l’ombre de la haie qui se ressuie plus lentement. Dans le groupe 30 000, l’un des éleveurs a investi dans des caillebotis en béton, mais n’a pas encore réalisé l’installation et ne peut donc proposer de retour d’expérience sur ce matériau.

Un chemin sable et ciment

À Saint Nicolas de Redon, le groupe a pu visiter une exploitation où le chemin a été réalisé avec un matériau original. L’entreprise APTP a utilisé un mélange de sable et ciment sur une épaisseur de 9cm pour réaliser cet accès. Le mélange du ciment, à hauteur de 8 %, et du sable permet d’obtenir solidité et perméabilité. Le chemin doit être réalisé avec une pente d’un côté et plus haut que le terrain pour que l’eau s’écoule bien.
Le coût est chiffré à 20 €/m². Au préalable, le tracé est décapé puis empierré sur 20 cm, avant d’ajouter une couche de 0-20. Il nécessite un séchage de 3 à 4 jours avant le passage des animaux.

Un autoroute pour vache et tracteur en béton

Le groupe a ensuite visité une exploitation de 130 vaches laitières qui a fait le choix de bétonner 270 m de chemin en sortie de stabulation. « C’est une autoroute pour les vaches, mais aussi pour les tracteurs qui passent avec la tonne ou pour l’ensilage » décrit l’éleveur. Pour l’entretenir, les exploitants le raclent dès qu’il pleut. Sans eau, ils se sont aperçus que l’opération était contre-productive et « beurrait» le chemin.
L’infrastructure a été ferraillée et réalisée sur une épaisseur de 13 cm. Le rainurage a été effectué avec un balai. Avant la pose, le tracé a été décaissé et remblayé sur 40 cm. Le chemin a été utilisé un an en l’état avant de couler le béton pour éviter les fissures par la suite. « C’était une année très compliquée pour sortir les vaches » se souvient l’éleveur. Point positif, les exploitants ont pu ainsi se passer de joint de dilatation. Le prix de ce type de chemin est à mettre en parallèle avec celui du béton et représente un investissement important.

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Les passages à l’ombre se détériorent plus vite

Optimiser un chemin remblais/gravier/sable

Le chemin d’accès constitué d’un remblai, d’une couche de gravier et de sable est un modèle assez courant dans les élevages. Sur sa ferme de Saint Anne sur Brivet, Thierry Noblet a tracé 400 m de chemin d’une largeur de 2,5 m sur ce modèle pour que le troupeau de 73 vaches, trait au robot, puisse atteindre les prairies. Un premier tronçon de 500 m a été réalisé il y a 10 ans. L’éleveur n’a dû remettre du sable qu’à une occasion depuis les travaux. C’était il y a deux ans. « Il est constitué de 30 cm de remblais avec du gravier 0/10 par dessus » témoigne-t-il. La longévité de ce chemin tient à plusieurs critères pris en compte lors de la conception. Le premier est le surélèvement du chemin et la présence
d’un fossé qui optimise l’évacuation de l’eau. « J’ai fais un second chemin de l’autre côté de mon bâtiment qui a été plus décaissé et qui est donc plus creux. Il est en moins bonne état » constate l’éleveur. Autre critère, le chemin est en plein soleil jusqu’à midi, ce qui optimise le ressuyage.
Plus récemment il a réalisé un boviduc (voir encadré). Il a utilisé le remblais extrait à cette occasion pour réaliser les 500m de chemin restant pour relier un îlot de 21ha de pâture. « Au-dessus, j’ai mis du sable rouge issu de la ferme. Les matériaux ne m’ont rien coûté » évoque-t-il.