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5000 ha de betteraves à détruire pour cause d'herbicide non conforme
Le ministère de l'Agriculture a ordonné la destruction de parcelles de betteraves sucrières dans le nord et l'est de la France après la détection de phénomènes de toxicité dans des champs traités avec un herbicide produit par la société Adama. 5000 ha seraient concernés.
Deux lots de l’herbicide Marquis (n°20107169 et 20107172), ont été jugés « non conformes en raison de la présence, à des taux variables, de trois substances actives interdites dans l'Union européenne », a expliqué le ministère dans une note.
La phytotoxicité signalée fin mai et fin juin au ministère de l'Agriculture « serait liée à des erreurs lors des étapes de formulation et de conditionnement des produits réalisées dans les usines de la société Adama en Israël », selon le ministère. Des investigations sont en cours « pour connaître l'origine de cette contamination croisée lors du process de fabrication ».
Principe de précaution
La liste des utilisateurs du Marquis se monte à ce jour à 273 planteurs, situés dans les Hauts-de-France et le Grand Est, selon le ministère. Quelque 500.000 tonnes de betteraves sucrières vont devoir être détruites, a déclaré à l'AFP Cyril Cogniard, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) Champagne-Bourgogne. Cette estimation, qui correspond à environ 1,5% de la production nationale, n'est pas confirmée par le ministère. « Après la jaunisse, le gel, c'est un coup dur pour les planteurs, mais ils comprennent que le principe de précaution soit appliqué », a souligné Cyril Cogniard.
Le ministère explique avoir « fait le choix de la précaution », en ordonnant la destruction des parcelles traitées avec ces deux lots de Marquis, « en raison d'un risque consommateur non exclu » par l'Anses, l'agence nationale de la sécurité sanitaire. Les betteraves concernées ne seront pas valorisées dans les filières non alimentaires (alcool, éthanol)
5000 ha sur quatre départements
Selon Cyril Coignard, quelque 5000 hectares sont concernés, dans la Marne, les Ardennes, l'Aube et l'Aisne. « Le consommateur est 100% protégé, mais l'agriculteur est 100% touché, il doit tout détruire sans savoir s'il va être indemnisé », dit-il. Des discussions avec la société Adama sont en cours pour trouver un « accord amiable », poursuit-il. Adama « a fait une erreur, les agriculteurs en ont été victimes, ils doivent être indemnisés rapidement », a-t-il poursuivi en évoquant aussi la possibilité d'actions en justice.
Certains agriculteurs avaient repéré que leurs betteraves étaient « freinées dans leur croissance », mais pour « la plupart, ça ne se voyait pas », dit-il.
Destruction mécanique privilégiée
Dans un communiqué, la société Adama se dit consciente « de l’impact potentiel pour la filière » et s’engage « à agir de man ère responsable pour accompagner les acteurs de la filière et tous les agriculteurs concernés,, le plus efficacement possible ».
Les planteurs concernés vont recevoir de leur Direction régionale de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (DRAAF) un courrier leur enjoignant de détruire les parcelles concernées. L’Institut technique de la betterave (ITB) leur conseille de déclarer le sinistre à leur assureur.
S’agissant de la destruction, l’ITB recommande de privilégier la méthode mécanique concernant l’effeuillage, avant plusieurs passages d’outil animé ou d’outil à disques et si possible le labour avant hiver.
Les parcelles concernées et traitées avec des néonicotinoïdes devront respecter les obligations en vigueur concernant les cultures à suivre dans la rotation, conformément à la dérogation accordée jusqu’en 2023.