95 plats « végét’eau » passés au crible

Une étude de l’association de consommateurs CLCV a décortiqué la composition, le profil nutritionnel et l’origine des ingrédients de 95 plats à base de soja, légumes, légumineuses et céréales. Plus de la moitié sont principalement composés d’eau, à commencer par les produits « imitation viande ». Les additifs et arômes sont aussi légion. Les galettes tirent leur épingle du jeu.

« Les galettes végétales sont les moins chères, en moyenne 14 €/kg, alors qu’elles présentent un meilleur profil nutritionnel, contiennent moins d’additifs, une quantité plus importante d’ingrédients d’origine végétale et une plus grande proportion d’ingrédients d’origine française que les produits panés et les produits d’imitation viande qui sont tous les deux en moyenne à 16 €/kg » : tel est le bilan, condensé, d’une étude menée par l’association de consommateurs CLCV sur 95 plats végétaux achetés dans 16 enseignes distinctes, au cours du deuxième trimestre 2020.

Un condensé destiné à ne pas se laisser aller à la tentation d’extraire les enseignements les plus saillants et déplaisants de l’étude. L’association décerne d’autres satisfécits aux plats végétaux, à commencer par leur valeur nutritionnelle, que met en exergue l’étiquetage du Nutri-Score. La très grande majorité des produits étudiés ont ainsi un Nutri-Score A (60%) et B (23%), aucun produit n’héritant de la note E, la plus mauvaise.

CLCV a dû cependant se livrer à ses propres calculs, la majorité des produits n’affichant pas le Nutri-Score. C’est l’une des requêtes de l’association, qui demande par ailleurs la mise en place d’un label officiel reconnu par l’Etat pour identifier au premier coup d’œil les produits végétariens et végan, face à la profusion de logos inféodés à des marques, à des distributeurs ou encore à des associations.

Plus d’eau que de protéines

Ce relatif bon profil nutritionnel n’empêche pas CLCV de pointer le fait que les trois types de plats analysés, à savoir les galettes, les produits « imitations viande » et les produits panés, demeurent des produits ultra-transformés. Cette catégorie d’aliments est dans le viseur du Programme national nutrition santé (PNNS) car porteurs de calories vides de nutriments essentiels et protecteurs (fibres, vitamines, minéraux, antioxydants). Ils sont également caractérisés par la présence d’additifs, s’ajoutant aux sucres et graisses de mauvaise qualité. S’agissant des additifs, CLCV relève qu’en dépit de leur « image de produits naturels sans additifs, 80% des produits végétariens en contiennent au moins un ».

Les plats végétaux contiennent aussi beaucoup d’eau. Plus de la moitié des produits étudiés contiennent de l’eau comme ingrédient principal, avec en tête les produits « imitation viandes » (72%), devant les produits panés (67%) et les galettes végétales (31%). Au sein d’une même catégorie de produits, les écarts peuvent être saisissants, comme en témoigne l’exemple des steaks de soja Sojasun qui renferment 67% d’ingrédients d’origine végétale contre seulement 11,6% pour les steaks de soja de la marque Herta.

Du soja de nulle part

L’étude de CLCV s’est aussi penchée sur l’origine des ingrédients. Une analyse en partie faussée par un changement de réglementation, qui autorise les industriels à écouler les stocks de produits ne la mentionnant pas, car étiquetés ou mis en vente avant le 1er avril 2020. Depuis cette date, ils ont l’obligation d’indiquer l’origine de l’ingrédient principal d’un produit alimentaire avec une mention géographique sur l’emballage (drapeau français, mention d’une région, d’un pays, « Fabriqué en France).

CLCV s’est penchée en particulier sur le cas du soja, l’ingrédient phare utilisé dans les alternatives à la viande, présent dans 54% des produits étudiés. Sur les 51 produits contenant du soja, 60% ne précisent pas son origine. Pour les autres, le soja est d’origine française dans 32% des cas, d’Europe (6%) et d’Asie (2%). Ce sont les galettes végétales qui sont les plus transparentes sur l’origine du soja (78%), loin devant les produits imitation viande (37%) et les produits panés (20%).

Plus cher que la viande

S’agissant des prix des plats végétaux, l’association de consommateurs constate que le prix ne constitue par un gage de qualité. « Acheter votre produit plus cher ne garantira pas un meilleur Nutri-Score, plus d’ingrédients d’origine végétale et moins d’additifs dans sa recette », pointe CLCV, qui décerne à cet égard un satisfecit aux galettes.

Quant à ceux qui misent sur le steak végétal pour réduire leur budget alimentaire, ils en seront pour leurs frais : le kilo de steak végétal est à 13 €/kg contre 10,5 €/kg pour son homologue animal.