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Accord UE/Mercosur : “La France peut encore agir !”
FDSEA et JA en action vendredi pour exhorter la France à barrer la route à la ratification de l’accord avec le Mercosur.
Avec les Jeunes agriculteurs, vous appelez vendredi (26 septembre) à la mobilisation contre les accords de libre échange et en particulier celui entre l’UE et le Mercosur. Sur ce dernier, soumis à ratification, n’est-il pas trop tard ?
Joël Piganiol, président de la FDSEA du Cantal : “Si le président Macron avait pris ses responsabilités, on n’en serait pas là. Contrairement à ses engagements, il a trahi les éleveurs français. D’abord en n’activant pas son droit de véto, ensuite en ne recourant pas à la consultation du Parlement. Il n’a rien fait, laissant la Commission européenne avancer jusqu’à la scission de cet accord. Sachant que la méthode utilisée par la Commission entre en contradiction avec les traités européens et avec le mandat initial qui lui a été donné pour négocier avec les pays du Mercosur, mandat qui prévoyait un accord global.
Laisser faire coupable
C’est un déni de démocratie comme le soulèvent les 80 parlementaires français dans une initiative transpartisane pour saisir la Cour de justice européenne, une initiative identique est portée au Parlement européen. En tant que chef de l’État, Emmanuel Macron peut encore peser sauf qu’on ne l’entend plus s’exprimer sur le sujet ces derniers temps...”
Avec ce type d’accord, l’UE rame à contre-courant du grand retour en force du protectionnisme sur les cinq continents...
J. P. : “Oui, à l’opposé de tous les autres pays et puissances économiques, l’Europe continue de s’inscrire dans la libéralisation des flux commerciaux. C’est une erreur d’appréciation majeure ! Deux autres négociations en cours témoignent de ce courant toujours libéral : l’accord accepté par l’UE avec les États-Unis, sur des droits de douane et avec l’ouverture possible du marché européen à des viandes hormonées, ce qui était jusqu’alors une ligne rouge, un totem pour l’Europe. Il y a aussi un possible accord avec l’Inde qui pourrait déstabiliser certaines productions, dont la filière laitière. Aujourd’hui, on ne peut que constater que l’Europe s’assoit sur la souveraineté alimentaire, sur les exigences de traçabilité et garanties sanitaires qu’attendent les citoyens. Pour répondre à ces attentes, encore faut-il qu’on puisse exister demain. Notre modèle agricole peut être menacé à très court terme, sachant que l’élevage a déjà fortement dévissé : en 40 ans, la production bovine a perdu 20 % en volumes.”
Prédation : inaction
Il y a aussi les sujets “locaux”, notamment la question de la prédation, toujours sans réponse...
J. P. : “Nous dénonçons l’inaction de l’État sur la prédation du loup et les attaques de vautours qui ont fortement impacté l’élevage cantalien cet été. Concrètement, aucun loup n’a été prélevé alors que les attaques se sont multipliées sur le secteur de Murat/Charmensac, et on voit à nouveau des attaques de vautours sur des animaux vivants témoignant d’un comportement déviant du rapace sans qu’on n’ait aucun levier de régulation de ces populations. Sur le volet des contraintes, la nouvelle proposition de cartographie des zones vulnérables amènerait au maintien du classement de Vieillespesse pour le secteur Loire-Bretagne et à un possible classement d’Omps et Saint-Mamet sur le bassin Adour-Garonne. Un zonage qu’on dénonce, basé sur des situations pseudo-isolées qu’on ne comprend pas. Pour nous, il est hors de question d’ajouter de nouvelles normes sur les pratiques agricoles de ces zones.”
Les négociations sur la future Pac s’ouvrent, opportunité ou menace pour l’élevage de nos zones ?
J. P. : “Nous sommes très inquiets de la capacité de la France à défendre haut et fort son agriculture. Quid de la position de l’État français au vu de ce qui s’est passé sur le Mercosur ? Quel ministre conduira demain les négociations ? Quels parlementaires européens seront mobilisés sur ce sujet crucial pour l’avenir ?”