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Agriculture : la Pac sera chamboulée par une adhésion de l'Ukraine à l'UE, selon l'Iddri
Une éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne (UE) sera le « probable déclencheur d'une réforme en profondeur » de la politique agricole commune estime une étude de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) publiée jeudi.
Les discussions portant sur le volet agricole dans le processus d'adhésion à l'UE, engagé officiellement mardi pour Kiev, « sont réputées comme étant parmi les plus difficiles », la Pac représentant environ un tiers du budget européen et les exploitations agricoles étant particulièrement vulnérables « face à la concurrence intra-communautaire », rappelle le document.
Elles prennent encore plus d'importance avec l'Ukraine, une puissance agricole par « la taille de son territoire », « la richesse de ses terres » et « la compétitivité de certaines de ses filières sur le marché international ».
Les échanges agricoles entre l'Ukraine et l'UE se sont déjà intensifiés depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, et l'adoption d'un accord d'association entre les deux zones. L'Ukraine est passée de huitième pays fournisseur de produits agricoles et alimentaires pour l'UE en 2015 à quatrième en 2021.
Les échanges ont pris une nouvelle ampleur après l'invasion du pays par la Russie en 2022. Pour soutenir Kiev dans son effort de guerre, l'UE a suspendu droits de douanes et contingents tarifaires sur des produits agricoles ukrainiens, dont certains sont arrivés en masse.
Face à l'exaspération des agriculteurs européens, des clauses de sauvegarde ont été ajoutées en mai pour réimposer des droits de douane au-delà de certains volumes de volailles, oeufs, sucre, maïs, miel, avoine et gruaux.
L’UE « dépendante » et moins compétitive
L'agriculture européenne est désormais « dépendante des importations de céréales et d'oléagineux en provenance d'Ukraine pour nourrir son cheptel » tandis que « les exploitations européennes sont structurellement moins compétitives sur certaines denrées agricoles », note l'étude.
En cas d'adhésion à l'UE, l'Ukraine « pourrait devenir le cinquième pays de l'UE en nombre d'habitants », ce qui aurait un impact important sur les équilibres politiques, rappellent ses deux autrices. Et cela aurait des effets significatifs sur le budget agricole, distribué notamment en fonction de la surface agricole. « A cadre constant, l'Ukraine pourrait recevoir entre 10 et 12 milliards
d'euros d'aides de la Pac chaque année », ce qui en ferait le premier bénéficiaire devant la France, avance l'étude.
Pour « minimiser l'impact budgétaire de l'élargissement à l'Ukraine », l'Iddri entrevoit plusieurs pistes, comme « repenser le système d'allocation des aides directes de la Pac » ou allouer une enveloppe PAC à l'Ukraine « décorrélée » de sa surface agricole.