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Jeudi 04/12/2025

Au Gaec de la Chauvenne, des totems d’immunité pour le troupeau

Cantal conseil élevage a choisi l’élevage d’Audrey et Sébastien Lac pour témoigner à son assemblée générale de la stratégie déployée pour accroître l’immunité des bovins face aux épizooties.

Dans la stabulation du Gaec de la Chauvenne à Chaussenac, on croise aussi bien un robot de traite où Pistache la brune est en train de se faire traire, un robot repousse-fourrage, un robot repousse-lisier, qu’une biquette en liberté au milieu des laitières, un lapin dans son clapier 4 étoiles... une vraie petite ménagerie que complètent chats, chiens, une truie dans son enclos aménagé en extérieur, chevaux et poneys dans les parcelles attenantes. Audrey Lac, qui a rejoint en 2016 son mari Sébastien sur l’exploitation, en remplacement de son beau-frère, le concède et revendique bien volontiers : chez elle, c’est un peu l’arche de Noé. Une affection pour les animaux qui n’enlève rien à la technicité ni à l’exigence de
rentabilité des deux associés qui ouvriront le 10 décembre les portes de leur élevage à l’occasion de l’assemblée générale de Cantal conseil élevage. En témoignant sur l’accent mis sur le bien-être animal et une immunité renforcée du troupeau.


Prévenir plutôt que subir


C’est véritablement après un épisode FCO-8 salé à l’automne 2023, qu’Audrey et Sébastien ont entrepris de doper l’immunité de leur troupeau de 65 laitières. “On avait alors un gros lot de vaches taries où toutes ont ramassé, raconte l’éleveuse. Certaines sont mortes des mois plus tard, d’autres ont dû être euthanasiées malgré tous nos soins. Déjà, à ce moment-là, on avait misé sur l’alimentation en urgence...” Convaincu que l’élevage va devoir composer avec ces épizooties et sans doute encore d’autres inconnues sous les
latitudes cantaliennes, le couple considère que renforcer l’immunité est l’un des rares leviers pour les traverser sans trop de casse. À cette fin, Audrey Lac s’est formée
et continue de le faire : phytothérapie, aromathérapie, ostéo-athie... Mais pas question de jouer aux apprentis sorciers, ni de se substituer aux traitements
vétérinaires quand ils s’imposent par exemple pour une mammite carabinée. L’idée : “Prendre les devants, dès les premiers symptômes de diarrhée sur un veau, j’utilise des huiles essentielles en plus du charbon ou de l’argile, et du kéfir de lait pour ensemencer le tube digestif.”


Aux petits soins des taries


Une attention toute particulière est parallèlement apportée aux vaches taries : “Au tarissement, je prends le temps avec ma vache que je pare (l’éleveuse s’est équipée d’une cage de contention), je vermifuge, selon le cas je pose ou pas des tubes (antibiotiques ou obturateur) et je travaille beaucoup avec des bolus d’oligo-éléments spécial taries”, explique Audrey Lac. Un parc est dédié aux récentes taries avec un régime foin pendant un mois avant de rejoindre un second parc avec une ration spécifique enrichie de minéraux. Résultats : un meilleur démarrage de lactation, des fièvres de lait évitées et des bienfaits qui se prolongent au vêlage avec de moindres risques de métrite et de mauvaise délivrance. Mais c’est surtout sur la santé des veaux que les effets sont visibles : “On a des veaux beaucoup plus vifs et dégourdis, au bout de quelques minutes, ils se lèvent déjà... Avant, on avait toujours des pertes, des diarrhées, des problèmes respiratoires”, constate Sébastien, pour qui le rapport bénéfice sur coût de ce traitement de l’immunité est largement positif. Autres boosters d’immunité, outre les boîtes olfactives et les huiles essentielles : sel et argile sont en libre service et l’éleveuse dilue régulièrement du vinaigre de cidre dans le bac à eau pour le drainage du foie.


Des veaux vifs en pleine santé


Tout comme leurs mères, qui pourront bientôt profiter d’un espace de maternité avec parcs de vêlage dédiés dans le cadre de l’agrandissement de 30 mètres du bâtiment, les veaux sont bichonnés : après 2-3 jours auprès de leur mère profitant ainsi du lait colostral, ils sont placés en box individuel pas loin du robot de traite permettant ainsi leur suivi par les éleveurs. Ils sont alors bouclés, vaccinés et un bolus leur est administré pour accroître leur immunité respiratoire. Ils rejoignent ensuite une case collective dans la nurserie où des jouets (ballons, mobiles...) ont été suspendus pour les stimuler, de même que des plaques de grattage installées et des huiles essentielles diffusées.
Les investissements pour le confort des laitières ne s’arrêtent pas là : depuis un mois, elles apprécient de nouveaux matelas (5 cm) parsemés une fois par semaine de sciure asséchante et de bactéries pour préserver l’hygiène de la mamelle et des pattes. Et face au stress thermique qui devrait s’accentuer dans les prochaines années, deux ventilateurs viendront prochainement compléter les brumisateurs déjà fonctionnels.