Biocontrôle : le nombre d’homologations explose en légumes

Le Sival a été l’occasion pour le secteur du biocontrôle d’étaler toute la gamme des solutions disponibles pour les producteurs de légumes. Si la dynamique d’homologation est au plus haut, sur le terrain, les utilisations se concentrent toujours autour d’une poignée de produits.

À l’occasion de son édition 2023, le Sival, salon des fruits et légumes qui se tient chaque année à Angers, a de nouveau mis à l’honneur le biocontrôle. Impossible pour les visiteurs de manquer le « village » dédié à ces solutions à l’entrée du hall principal. Comme un témoin de l’extension actuelle du marché du biocontrôle en fruits et légumes, cet espace a vu ses dimensions augmenter depuis l’an dernier avec l’arrivée de nouveaux exposants et l’installation d’un forum accueillant des conférences en continu sur le sujet.

Lors de l’une de ces présentations, Cathy Eckert, ingénieur CTIFL, a présenté le panorama du biocontrôle au sein du réseau Dephy cultures légumières pour la période 2016-2021. Cette synthèse confirme l’explosion depuis 2018 du nombre de solutions présentes sur le marché pour les 12 espèces légumières étudiées.

En 2020, le panorama Dephy recense 439 homologations contre 161 en 2016 et 38 en 2014. Cette évolution est à mettre en lien avec les retraits importants de matières actives de synthèse que connaît le secteur légumier depuis plusieurs années. Le phénomène encourage les fournisseurs à trouver des solutions alternatives. « La dynamique est d’autant plus importante que les matières actives disparaissent. Le biocontrôle est tiré par une volonté économique et plus que par une idéologie », confirme Matthieu Morel, chef produit chez Lallemand Plant Care. Il cite également le marché du zéro résidus de pesticide pour lequel le biocontrôle représente un levier primordial.

Impossible pour les visiteurs de manquer le « village » dédié au biocontrôle à l’entrée du hall principal du Sival (Crédit photo : Tanguy Dhelin)
Impossible pour les visiteurs de manquer le « village » dédié au biocontrôle à l’entrée du hall principal du Sival (Crédit photo : Tanguy Dhelin)

Une répartition non-homogène des AMM

Si les nouveaux produits de biocontrôle foisonnent, tous les légumes ne sont logés à la même enseigne sur le volet des innovations. Selon Cathy Eckert, ces 439 homologations ne sont pas réparties de façon homogène en terme d’usage sur les productions légumières. Selon les chiffres du panorama réseau Dephy, les productions dépassant le seuil de 100 itinéraires culturaux avec utilisation du biocontrôle sont la fraise, la tomate, le chou et la salade. Un constat qui pourrait être dû à une abondance plus importante d’usages sur ces quatre productions.

Conscientes de cette limite, les entreprises du secteur tendent à élargir le spectre d’utilisation de leurs produits. C’est le cas d’Agrauxine qui indique travailler sur les besoins des producteurs via des remontées terrain, pour élargir l’étiquette des produits déjà au catalogue. Une première étape est déjà franchie dans ce sens puisque Agrauxine a profité du Sival pour présenter les nouveaux usages sur oignon, ail, échalote, endive et PPAM du Biofongicide Trisoil, jusqu’alors restreint à la pomme de terre, la carotte et la salade.

L’entreprise a également un axe de travail sur les associations avec des produits de biocontrôle développés par d’autres entreprises pour optimiser les effets. C’est le cas d’un essai en cours sur tomate pour tester l’association de la levure vivante Julietta d’Agrauxine avec Amylo-X développé par Certis, qui ont des actions complémentaires.

Les usagers restent concentrés sur une poignée de produits

Alors que les nouvelles homologations se multiplient sur le marché des biocontrôles légume, cette dynamique ne se ressent pas à l’échelle de la production. Selon les chiffres du panorama présenté au Sival, entre 2016 et 2021 le nombre d’utilisateurs de produits de biocontrôle au sein du réseau Dephy cultures légumières a légèrement augmenté sur la catégorie des macro-organismes et est resté stable pour les autres catégories.

Autre enseignement, dans les exploitations, l’usage du biocontrôle se concentre sur une poignée de produits malgré les 439 homologations disponibles en 2020. Toujours selon le panorama du réseau Dephy,  en agriculture biologique, 80% des usages des produits de biocontrôle, hors macro-organismes, se concentrent sur quatre produits : le phosphate ferrique, les Bacillus Thuringiensis, le souffre et l’huile essentiel d’orange douce. Le constat est identique en conventionnel avec l’ajout d’un cinquième produit : le phosphonate de potassium.