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Bioret Agri piège l’ammoniac en séparant l’urine des bouses à même la stabulation
Le fabricant crédite sa solution Delta-X d’une réduction de 70% des émissions d’ammoniac, un gaz problématique car précurseur de particules fines, dans le viseur du législateur. L'innovation vaut à Bioret Agri une nomination aux SIMA Innovation Awards 2022.
L’ammoniac (NH3) n’est pas un gaz à effet à effet de serre et n’a donc pas d’impact sur le climat. En revanche, l’élément est un précurseur de particules fines à l’origine de nombreuses pathologies (asthme, allergies, maladies respiratoires ou cardiovasculaires...). Selon le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (CITEPA), l’agriculture est responsable de 94% des émissions d’ammoniac. L’élément chimique fait en général parler de lui au printemps, en étant à l’origine des pics de particules fines consécutifs aux épandages de sortie d’hiver. Selon le CITEPA, 29% des émissions sont liées à l’épandage des engrais minéraux, 21 % à l’épandage d’engrais organiques et 9% aux épandages à la pâture. Le solde, soit 41%, est le fait des bâtiments d’élevage, des fosses et des fumières. Avec Delta-X, Bioret Agri entend piéger à la source la majorité des émissions générées par les effluents.
Une courroie de 4 cm en PVC
Le système se compose de tapis drainants recouvrant deux plans inclinés au centre duquel est disposée une rigole. Sous l’effet de la pente, les déjections gravitent vers la rigole dans laquelle est animée une petite courroie en PVC. La partie supérieure de la courroie achemine les déjections solides vers la fosse à lisier tandis que les liquides prennent le chemin opposé, transportés par la partie inférieure de la courroie, avant d’être stockés dans des contenants dédiés. « Une étude réalisée par un laboratoire indépendant néerlandais a mis en évidence une réduction de 70% des émissions d’ammoniac comparativement à un système conventionnel avec racleur, déclare Pascal Sorel, responsable export chez Bioret Agri. La moindre synthétisation d’ammoniac s’explique par la réduction du contact, dans le temps et dans l’espace, de l’urine avec l’oxygène de l’air d’une part et avec les matières fécales d’autre part ».
Entre 80 et 85% des déjections empruntent la courroie, le solde, constitué de matière sèche étant évacué par le racleur.A la sortie, les deux sous-produits peuvent être valorisés au champ, de la même manière que le lisier, sans exclure une valorisation commerciale. Le fabricant annonce une maintenance réduite au strict minimum. Delta-X est l’une des 35 innovations nominées aux SIMA Innovation Awards 2022.
« Un investissement rentable »
Cautionné scientifiquement par le laboratoire néerlandais et validée au plan technique au sein d’un élevage situé en Loire-Atlantique, Delta-X est désormais au catalogue de Bioret Agri. S’agissant d’un investissement structurel, impossible d’avoir un prix. Mais Bioret Agri se veut catégorique. « Delta-X est une solution rentable », affirme Pascal Sorel. A l’heure où le prix de l’azote bat tous les records, le surcroit de valorisation de l’ammoniac peut se monnayer en espèces sonnantes et trébuchantes. Le fabricant met aussi en avant les bienfaits sanitaires (prévention des boiteries, dermatites, chutes...) du sol souple et drainant, inauguré avec le revêtement Magellan de la marque. « Un sol qui agrippe, c’est moins de réforme prématurée et plus de chaleurs détectées », argumente Pascal Sorel. « Avec un revêtement en caoutchouc, les vaches peuvent laisser libre cours à leur expressions corporelles. C’est aussi plus de silence dans la stabulation ».
Des nuages réglementaires
Bioret Agri a aussi en tête les menaces et alertes réglementaires entourant les émissions d’ammoniac, notamment la loi Climat et résilience, qui pourrait instaurer une redevance, au cas où les émissions de NH3 sortiraient, deux ans d’affilée, de la trajectoire fixée à l’horizon 2030 (-13% par rapport à 2005) en vertu de l’application de la Directive européenne NEC (National Emission Ceilings).
Présent dans 70 pays, Bioret Agri est aussi un observateur des politiques publiques à l’œuvre à l’étranger. Son regard est notamment focalisé, mais pas exclusivement, sur la Suisse et les Pays-Bas, pays où les mesures restrictives font grincer les sabots et les bottes, malgré le caoutchouc...