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Chasse : réguler sans décourager
L’ouverture de la saison démarre sur fond de défis multiples : pression du cerf, prolifération du sanglier, effondrement des perdrix et nécessité de former de nouveaux pratiquants.
Ouverture générale de la chasse dans le Cantal, ce dimanche 14 septembre à 7 heures, sur fond de défis écologiques et cynégétiques. Avec 5 226 permis validés au 2 septembre, la fréquentation est en baisse de près de 300 unités par rapport à 2024. Un contexte où le rôle régulateur des chasseurs devient prépondérant face à la prolifération du grand gibier et au déclin persistant des espèces de plaine.
Les pressions liées au cerf
La principale préoccupation de la saison est le cerf, prévient la Fédération départementale des chasseurs (FDC15). Le plan de chasse des grands cervidés s’élève cette année à près de 4 800 attributions, contre un peu plus de 4 000 l’an dernier. Une hausse significative - les attributions ont plus que doublé entre 2020 et 2025 - qui ne satisfait pas pour autant les propriétaires forestiers.
Sur le terrain, les chasseurs s’inquiètent de la montée en puissance des plans de chasse obligatoires. En cas de non-atteinte du minimum fixé, une taxation de l’État est même possible. “C’est le seul loisir taxé s’il n’est pas réalisé”, s’indigne le président de la Fédération, Jean-Pierre Picard. Et de prévenir : “Quand on double les attributions, on double aussi le nombre de bracelets achetés. Et parallèlement, il faut faire face à des pressions, y compris comme celles qu’exerce l’ONF. Attention à ne pas décourager les chasseurs.” Avec de la viande de grand gibier prévue en surabondance, la FDC15 s’investit dans un projet de valorisation, opérationnel à partir du 1er novembre, en lien avec des ateliers hors département. “Un projet d’autant plus justifié qu’en France, 70 % de la viande de gibier proviennent d’importations des pays de l’Est”, souligne le président Jean-Pierre Picard.
Sanglier, renard, blaireau...
Le sanglier reste également source de tensions. Prolifique dans les milieux fermés, il a fait l’objet de plus de 4 000 prélèvements la saison dernière. Ce nombre
pourrait encore croître cette année, porté par une glandée abondante. “Il y a eu plus de dossiers d’indemnisation l’an dernier, notamment parce que les maïs ont été récoltés plus tard”, explique Arnaud Semeteys, directeur de la Fédération départementale des chasseurs. Soixante-seize dossiers de dégâts agricoles étaient déjà enregistrés au 2 septembre. La régulation des prédateurs complète ce tableau : entre 5 000 et 6 000 renards ont été tirés l’an dernier, tandis que le blaireau “infeste les campagnes et cause de nombreux dégâts, souvent indemnisés car mixtes”.
La chute libre
À l’opposé, le petit gibier connaît un déclin dramatique. “Une chute spectaculaire qui suit la tendance nationale”, confirme le président Picard. La perdrix rouge est “quasiment impossible à réimplanter durablement”, malgré les efforts de la Fédération qui finance l’implantation de haies. Le lièvre, après une mauvaise reproduction l’an dernier (35 % de jeunes au tableau de chasse), bénéficie d’une baisse de la pression de chasse. Les oiseaux migrateurs, comme la caille des blés ou la bécassine, restent quant à eux très dépendants des conditions climatiques et des pratiques agricoles.
Pour accompagner une activité tiraillée entre loisir et régulation, la Fédération mise sur la formation : pas moins de 1 000 chasseurs ont été formés l’an dernier. Un nouveau terrain d’entraînement au tir est également à l’étude dans l’arrondissement de Saint-Flour, en complément des équipements de Cros-de-Montvert.
“Une régulation qui répond à un besoin, mais que nous ne ferons pas toute l’année”, conclut Jean-Pierre Picard. La chasse au cerf et à la biche, comme pour les autres espèces, s’achèvera le 28 février.