Colza : semer ou pas autour du 15 août

A la veille des semis de colza, Terres Inovia délivre les clés de décision, reposant sur plusieurs paramètres dont la problématique insectes, la nature du sol, le contexte météorologique des semaines précédentes, l’état de préparation et les prévisions météorologiques.

Une France coupée en trois : c’est la carte de préconisation de semis de colza, établie par Terres Inovia en date du 8 août, sur la base des cumuls de pluviométrie enregistrés depuis le 20 juillet. La carte distingue une zone 1 avec des cumuls faibles à moyens (de 0 à 20mm), où le semis est majoritairement à risque, une zone 2 avec des cumuls moyens à élevés (de 30 à 80mm) où le semis est favorable sauf exception et enfin une zone 3 avec des cumuls élevés à très élevés (entre 80 et 150mm voire plus), où le semis, hors Bretagne et façade maritime, est favorable après ressuyage.

Carte de préconisation de semis de colza, établie sur la base des cumuls de pluviométrie enregistrés depuis le 20 juillet (Source : Terres Inovia)
Carte de préconisation de semis de colza, établie sur la base des cumuls de pluviométrie enregistrés depuis le 20 juillet (Source : Terres Inovia)

Terres Inovia indique que les secteurs concernés par les problématiques d’insectes d’automne, nécessitant une levée précoce (avant le 1er septembre notamment en sol superficiel) entrent dans les plages de semis conseillés et que la question du déclenchement des semis se pose. Un temps sec est annoncé pour les 10 prochains jours mais l'humidité accumulée depuis le 20 juillet dans une large moitié nord offre un créneau pour de bonnes conditions de levée, estime l'institut technique.

La balance bénéfices / risques du semis autour du 15 août

Le semis précoce permet d’esquiver le risque lié aux altises adultes en visant à une levée avant le 1er septembre pour atteindre le stade 4 feuilles avant le 20 septembre, en valorisant les températures favorables de fin août et septembre. Il permet de bénéficier d’épisodes de pluie globalement plus fréquents en août et en particulier les 15 premiers jours, que début septembre, favorables à la levée et à l’efficacité des herbicides racinaires.

La faim d’azote précoce (octobre) dans les sols à faible disponibilité en azote et l’élongation du colza constituent les deux risques majeurs.

La faim d’azote peut rendre vulnérable les colzas vis-à-vis du risque de dégâts des larves d’altises et de charançon du bourgeon terminal. Elle peut être compensée par l’application d’engrais azoté en localisé (maximum 10 unités) ou en plein (maximum 30 unités avant le 1er septembre selon la réglementation en vigueur) et l’association de légumineuses gélives au colza. A noter qu’une faible biodisponibilité du phosphore dans les parcelles peut également pénaliser la croissance du colza l’automne. Dans ces situations il est particulièrement conseillé de préférer les apports en fin d’été avant l’implantation de la culture.

Le risque d’élongation du colza, lié à trois facteurs (densité de semis, sensibilité variétale, date de levée) peut conduire notamment à une sensibilité accrue au gel. Mieux vaut un colza élongué qu’un colza qui ne lève jamais. Dans les sols profonds à forte disponibilité en azote, le semis précoce est possible mais il convient alors d’éviter les surdensités (pas plus de 30-35 plantes levées par m² en semis classique et pas plus de 20-25 en semis de précision) et d’éviter les variétés à forte sensibilité à l’élongation automnale.

Les cinq conseils de semis

Conserver la fraicheur : dans un contexte de sol frais et d’absence de pluie significative annoncée post-semis, il est conseillé de semer dans la foulée en cas de travail du sol et rouler après le semis. En sol sensible, le risque de battance peut être limité cette année car les levées devraient être rapides et aucune pluie significative n'est annoncée dans les 15j jours à venir, le roulage semble donc moins risqué que d'habitude.

Ne pas semer superficiellement : l’objectif est de positionner la graine au plus près de la fraicheur, même à 4-5cm, tout en l’éloignant de la zone superficielle de risque d’assèchement (horizon 0-4cm selon la méthode de semis utilisée). Attention, en cas de semis de plantes compagnes avec le colza, les semis profonds peuvent pénaliser la levée des petites graines (trèfles notamment). 

Privilégier les semis au semoir monograine.

Adapter sa stratégie désherbage : en cas de travail du sol, les conditions de fraicheur du sol après le semis seront favorables à l’absorption des produits racinaires de prélevée (surtout dans les programmes contre le ray-grass). En situation de semis direct avec présence de paille, et/ou de stratégie contre le vulpin, et/ou de présence de plantes compagnes, il est possible de décaler les applications d’herbicide racinaire en post levée précoce. Attention à l’absence de sélectivité des programmes de pré-semis incorporé (napropamide) sur les plantes compagnes en dehors de la féverole.

Surveiller les limaces : les conditions d'humidité du sol en surface et la forte présence de résidus de paille sont particulièrement favorables à la multiplication et à l’activité des limaces. Evaluer le niveau de risque par observation ou si nécessaire par piégeage avant le semis.