Comment répercuter les hausses vers l’aval ?

Le problème qui se pose maintenant pour les abatteurs, est la répercussion des hausses à la production des laitières vers les distributeurs et autres acteurs du secteur aval (cuisine centrale, restauration rapide, cantine …), avec comme tête de pont les viandes hachées

Si une grande partie des éleveurs utilisant des aliments composés pour nourrir leurs animaux sont fortement impactés par la hausse des matières premières, ces plus-values concernent en premier lieu les productions hors sol (porcs et volailles), mais elles touchent également les engraisseurs de viande bovine qui sont à l’origine d’une très grande partie des viandes haut de gamme ou de qualité bouchère. Les producteurs de viande qui utilisent l’herbe comme principale source pour leurs animaux bénéficient d’une année exceptionnelle. Cette abondance permet de réduire une partie de la hausse des coûts de production liée à l’alimentation, mais elle n’a en revanche aucun impact sur les autres hausses (matériel, équipement, frais vétérinaire et autres intrants). Dans de nombreuses régions, des stocks d’herbe sous forme de foin ou d’enrubanné ont été constitué. La récolte de maïs s’annonce comme un très bon millésime et, compte tenu des tarifs pratiqués, cette production devrait générer de très bons résultats économiques. Un certain nombre d’éleveurs se pose même la question de la transformation de cette plante en aliment (ensilage de maïs) pour une production de viande ou de lait trop peu rémunératrice. Des choix vont être faits et ces derniers seront irrémédiables, car quand un éleveur réoriente sa production vers le végétal, il n’y a pas de machine arrière. Dans un contexte déjà très inquiétant, les productions de lait et de viande accentuent leurs replis. Pas une semaine, sans entendre parler que tel ou tel arrête ou a vendu son taureau pour cesser son activité.   

Les effets de repli de la production ont été très impactant pour les outils industriels qui ont beaucoup de mal à trouver la marchandise nécessaire pour préparer les commandes des magasins pour la rentrée de septembre. Ce repli structurel de l’offre est accentué par une courbe ascendante des prix et une production fourragère qui incitent les éleveurs à attendre pour bénéficier d’une meilleure valorisation de leurs animaux. Il n’est plus question de parler de contractualisation aux éleveurs dans ces conditions. L’autre phénomène qui amoindri l’offre sur le marché de la viande allaitante, vient dans une plus faible activité des emboucheurs qui au printemps ont été confrontés à des prix élevés dans le bétail maigre, une flambée du prix des aliments et des tarifs sans évolution et en dessous des coûts de production dans la viande. La revalorisation tardive du prix de la viande Charolaise aura été très néfaste et surtout insuffisante pour cette activité.

Les abatteurs observent depuis des semaines une progression significative du prix des réformes laitières, liée à une insuffisance de l’offre. Le problème qui se pose maintenant à eux, est la répercussion de ces hausses vers les distributeurs et autres acteurs du secteur aval (cuisine centrale, restauration rapide, cantine …), avec comme tête de pont les viandes hachées. Cette rentrée 2021 ne montre pas de signe fort de relance de la consommation. Cette semaine a été consacrée en grande partie aux commandes des magasins pour des promotions (planifiées de longue date) pour début septembre, mais également au réapprovisionnement des cantines et restaurants scolaires. Même si de l’avance avait été prise pour certaines pièces, grâce aux technologies de conservation des viandes (sous vide, atmosphère contrôlée ou congélation), la demande en produits frais ne peut être anticipée.