Conjoncture – Quelle sera l’évolution des projets de loi bloqués par la dissolution ?

Dans un monde de l’élevage en perpétuel mouvement, les changements de politiques agricoles ont souvent de lourdes répercussions géopolitiques.

Conjoncture – Le Sénat qui reste aux commandes devait examiner à partir du 24 juin, le « projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture » adopté le 28 mai par l’Assemblée Nationale. Or, la dissolution de cette dernière met en pause jusqu’à l’installation de la nouvelle Assemblée tous les projets en cours. Sont aussi ajournés, le projet de loi portant sur Egalim 4 et celui qui devait entériner la révision du Conseil stratégique phytosanitaire et de la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires. Quid de l’évolution de ces projets de loi au lendemain des nouvelles élections ?

Dans un monde de l’élevage en perpétuel mouvement, les changements de politiques agricoles ont souvent de lourdes répercussions géopolitiques. La droitisation du parlement européen en aura inévitablement.

La production mondiale de viande progresse notamment à partir du Brésil, de l’Australie ou de l’Inde que ce soit pour nourrir la population dans les pays émergents ou pour agrémenter la balance commerciale des grands pays producteurs. On observe en revanche une forte dégradation de la filière bovine aux États-Unis. Selon les estimations de l’USDA, la production américaine de viande bovine a reculé en 2022 (-2 %), puis en 2023 (-5 %), et la tendance pourrait durer. Dans le même temps, la consommation mondiale de viande rouge continue de progresser de 1%, car elle est « un marqueur social » important dans certains pays comme la Chine. De son côté, l’Europe s’inscrit dans un cycle long de décapitalisation lié à une pyramide des âges défavorable et à une politique de renouvellement des générations insuffisantes dans un contexte de crise économique minée par la guerre en Ukraine.

En 2023, 37% des volumes de viande abattus au sein de l’UE ont été échangés entre États membres. L’importance de ces mouvements montre bien l’interdépendance entre les pays où le prix est souvent une des grandes variables d’ajustement. Mais quand on regarde la puissance exportatrice de pays comme l’Irlande, les Pays-Bas ou la Pologne, on comprend les politiques de protection prises par la France (Egalim) ou l’Italie pour protéger sa production.

Les productions visées sont celles des jeunes bovins et des réformes laitières, avec des écarts de valorisation qui se sont pourtant nettement amoindris en un an.

Notre pays résiste plutôt bien malgré un recul de la consommation de viande rouge, mais cette baisse est contrebalancée par un recul de la production, ce qui permet un renforcement des prix dans les catégories inférieures dont la finalité reste la production de viande hachée. La production qui reste la plus touchée par la concurrence européenne est celle de nos jeunes bovins destinés à l’export. Une partie de cette production se recentre sur le marché intérieur et masque de ce fait le déficit d’offre en réformes laitières ou Charolaises.        

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