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Vendredi 31/10/2025

Conjoncture : Vers une ratification des accords avec le Mercosur

Malgré l’opposition des éleveurs, les positions des dirigeants européens évoluent de plus en plus en faveur d’une ratification des accords avec le Mercosur.

Conjoncture – Le 19 décembre prochain, le sort de l’agriculture française sera-t-il scellé ? Les clauses de sauvegarde présentées par la Commission Européenne le 8 octobre dernier apparaissent comme un pas de plus vers la ratification de l’accord. Lors d’une conférence de presse après un conseil européen, le président Emmanuel Macron déclarait : « On a les clauses de sauvegarde, on a le renforcement des contrôles douaniers, on a les soutiens à l’élevage, on a beaucoup de mesures d’accompagnement ». Avant d’ajouter : « Mais on attend aussi la notification aux pays du Mercosur de ces mesures de sauvegarde et de cet accompagnement indispensable qu’on a demandé pour améliorer l’accord. » De son côté, le chancelier allemand Friedrich Merz s’est félicité que le sujet ne fasse plus débat entre les pays membres.

Dans un scénario de déficit constant de la production de viande bovine en Europe, les instances européennes sont-elles en train de sacrifier l’élevage sur l’autel des négociations internationales ? Après le CETA, les accords modernisés UE – Mexique et des négociations UE-Australie ou de Nouvelle-Zélande, c’est le Mercosur qui devrait pouvoir envahir notre marché avec des aloyaux à bas prix.

L’Europe est-elle en train de sacrifier l’élevage et la production sur l’autel des échanges internationaux ?

La colère des éleveurs français ne fait plus le poids face à la volonté du monde industriel de s’ouvrir au marché sud-américain.

Le tissu de l’élevage se délite sur fond de crise sanitaire. Nos abattoirs souffrent du manque de volumes et du niveau très élevé des prix, qui impacte sérieusement la consommation. La réorganisation de la filière avance à marche forcée. Les fermetures vont être nombreuses, ce qui pose des questions sur le maillage du territoire et les éleveurs qui cherchent de la proximité pour de la vente directe.

Alors que la production profite de tarifs enfin rémunérateurs, le consommateur adapte ses habitudes alimentaires à la saison en délaissant les pièces à griller pour les viandes à mijoter (pot-au-feu, bourguignon…). Les « équilibres matières » sont compliqués avec des pièces nobles qui partent vers le hachoir, et des stocks qui se reconstituent dans les aloyaux. De nombreuses promotions sont faites pour écouler ces viandes à des tarifs très intéressants dans les magasins. La vente de viande hachée est également pénalisée par la hausse des prix et cela se ressent particulièrement en fin de mois. La faiblesse du prix du porc est également à prendre en compte.

Petit focus sur le marché allemand, alors que les tendances sont de plus en plus marquées par les idéaux alimentaires végétariens et véganes, les statistiques montrent une image plus nuancée : la consommation moyenne de viande en Allemagne a augmenté de 0,6 % en 2024. Le porc reste le leader, mais la viande bovine est restée stable malgré la hausse des prix. Ces dernières semaines ont vu une nette inflexion de la consommation de viande rouge dont les tarifs sont de plus en plus élevés sur les étals. Cela laisse de plus en plus de place aux produits végétaux avec une population beaucoup plus sensible qu’en France aux sujets environnementaux. Le prix des réformes laitières, qui a été en avance sur le prix français tout au long de l’année, est en repli depuis quelques semaines. Le prix des vaches O a chuté de 0,30€/kg en trois semaines.

C’est un peu le scénario qui se dessine en France avec des industriels qui font face à un recul des commandes sur cette fin de mois. L’offre n’est pas très abondante, mais elle suffit aux besoins du marché. Après une année couronnée de tarifs historiquement haut, les premières baisses sont constatées sous l’impulsion des abatteurs. Selon eux, un relâchement de la pression haussière sur les prix est souhaitable si l'on ne veut pas perdre les consommateurs de la classe moyenne qui font la majorité des volumes d’achat. Les races à viande françaises sont pour le moment protégées par l’érosion de l’offre qui permet un équilibre de marché, même si une tension est perceptible face à un recul saisonnier des ventes des pièces nobles.

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