Des représentants franco-irlandais en Aveyron pour découvrir la méthanisation

Fin 2023, un groupe de Ballyhoura, situé entre Limerick et Cork, dans le sud de l'Irlande, est venu en Aveyron dans le Sud de la France, pour découvrir les spécificités de la méthanisation agricole, en développement dans leur pays. Ce groupe de 21 personnes, était constitué principalement par des agriculteurs, mais aussi des élus locaux et des salariés de la structure Ballyhoura Development.

La méthanisation, une activité à part entière qui requiert des compétences spécifiques

Cinq visites ont été programmées sur des unités en fonctionnement, en injection ou cogénération, individuelle ou collective, ainsi qu’un échange avec un administrateur de la SA4R (Veau d’Aveyron et du Ségala IGP) pour un échange sur l’organisation en collectif d'agriculteurs.

Les méthaniseurs aveyronnais rencontrés ont pu mettre en avant les avantages de méthaniser les effluents d'élevages: 

  • Lixiviation des fumiers et mise aux normes évitées. 
  • Émissions de Ch4 (principal gaz à effet de serre émis en agriculture) diminuées car captées pour produire du biométhane ou de l' électricité. 
  • Résilience des exploitations augmentée.

Des clés de réussite à considérer dès la conception

Les Irlandais sont repartis riches des retours d’expérience des agriculteurs aveyronnais rencontrés. Les principales clés de réussite des projets résident en : 

  • la maîtrise des intrants dès le départ car cela déterminera les équipements à installer
  • l’appropriation de leur modèle et process
  • la capacité des agriculteurs à s’impliquer et rester décisionnaires
  • l’évaluation en amont les distances à parcourir pour l’épandage des digestats (qui peut peser lourd dans les coûts de fonctionnement)
  • l’organisation nécessaire pour amener des fumiers et lisiers “propres” sans ficelles ni cailloux
  • le temps disponible que les porteurs de projet peuvent consacrer au fonctionnement de leur future unité car gérer une unité de méthanisation est une activité à part entière
  • l'acquisition de l’expertise et les compétences nécessaires pour mener à bien leur projet
  • le souhait et le goût des porteurs de projets pour se professionnaliser dans cette production

Les questions ont été posées sur la taille des unités à mettre en place. Le modèle économique viable semble être dans la constitution d’un maillage de petites unités collectives, de 3 à 5 agriculteurs, qui pourraient s’associer pour négocier les prix des matériaux de construction et des pièces des unités de méthanisation.

La comparaison entre panneaux solaires et méthanisation est souvent revenue. Les panneaux solaires sur toit étant encore peu développés en Irlande. La gestion des panneaux solaires est bien moins chronophage en comparaison du fonctionnement d'une unité de méthanisation.

Un contexte irlandais balbutiant

Le contexte irlandais est différent. Peu d'unités de méthanisation sont en service à ce jour.

Dans les différences constatées, les porteurs de projet de méthaniseurs en France, agriculteurs ou non, bénéficient d’un prix contractualisé et protégé pendant 20 ans ce qui leur assure une visibilité pour les investissements

De même, les projets français peuvent bénéficier de subventions européennes. Ces lignes de financement ne semblent pas encore actives en Irlande.

Une poursuite de l’échange entre Ballyhoura et la France ?

L’échange a été établi grâce à deux anciens lauréats de la bourse NUFFIELD, Aidan Gleeson, agriculteur irlandais et Yolène Pagès, agricultrice pluriactive française. Le voyage a été organisé conjointement par Adeline Canac, membre de l’association Agri Métha D’Oc (Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France - section Occitanie), pour les aspects techniques et Yolène Pagès, Présidente de l'association NUFFIELD France, pour les aspects de mise en relation et linguistiques.

Parmi les agriculteurs participant au voyage d’études, certains sont intéressés pour prendre des jeunes en stage ou job d’été afin de parfaire leur anglais. Une piste pour poursuivre l’échange ainsi engagé ?

article rédigé par Adeline Canac et Yolène Pagès