Grippe aviaire: l'éleveuse avait refusé d'abattre ses canards, 3 mois avec sursis requis

Trois mois de prison avec sursis ont été requis lundi par le tribunal correctionnel de Pau contre une éleveuse des Pyrénées-Atlantiques qui avait, en avril 2017, refusé l'abattage préventif de ses canards contre la grippe aviaire.

Des amendes pour un total de 8.000 euros ont également été requises contre Cathy Chabalgoity, responsable d'une exploitation à Barcus, alors que 10.000 euros d'amende ont été requis contre le syndicat agricole ELB (Euskal Laborarien Batasuna)- Confédération paysanne. A l'initiative du syndicat, 300 personnes se sont rassemblées devant le palais de justice , dont Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, venu soutenir les prévenus et "la lutte contre l'industrialisation de l'agriculture".

Le 14 puis le 21 avril 2017, 250 personnes s'étaient réunies devant l'exploitation de l'éleveuse pour en bloquer l'accès aux services sanitaires qui devaient y procéder à l'abattage préventif des canards. Elles estimaient que les animaux étaient "sains". Mme Chabalgoity a assuré au tribunal avoir" essayé de trouver des solutions avec les services de la Direction départementale de la protection des populations" car elle n'était "pas d'accord avec les mesures d'abattage préventif systématique". 

Elle a affirmé avoir mis ses bêtes à disposition des agents de la DDPP, ajoutant que le blocage n'était pas de son ressort. "J'ai été spectatrice de la situation", a-t-elle dit à la barre. Le directeur des services sanitaires Alain Mesplède a de son côté indiqué qu'elle n'avait "rien fait pour débloquer la situation". Panpi Sainte-Marie, secrétaire général d'ELB, a pour sa part affirmé être "responsable" de ces blocages : "Un syndicat est là pour défendre les paysans", a-t-il dit.

Pour la procureure de Pau Cécile Gensac, "l'enjeu du débat aujourd'hui, c'est la santé publique". Arguant de la "dangerosité du virus", elle a pointé du doigt "l'égoïsme" de telles actions, "on parle bien d'un sujet aux répercussions mondiales". Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe. Des condamnations seraient "un gage donné à l'industrie agroalimentaire qui fait porter le poids sur les petits éleveurs", selon Me Anne-Marie Mendiboure.

Pour mettre un terme à l'épidémie de grippe aviaire dans le Sud-Ouest, le gouvernement avait imposé au printemps 2017 un vide sanitaire "obligatoire" dans les élevages de palmipèdes de 1.134 communes  sur cinq départements. Des millions de volatiles avaient été abattus. Les trois élevages, dont celui de Barcus, où les abattages avaient été bloquées, avaient ensuite été simplement placés sous "surveillance sanitaire" mais la préfecture avait saisi le parquet pour "entrave à une disposition réglementaire". Le jugement a été mis en délibéré au 10 décembre.