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Le ministère de l’Agriculture diligente une enquête dans un élevage de canards incriminé par L214
L’élevage situé dans les Pyrénées-Atlantiques est dénoncé pour les conditions de vie et d’hygiène réservées aux canards reproducteurs. Le ministre de l’Agriculture évoque des "dérives inacceptables mais isolées et individuelles". L’interprofession du foie gras condamne fermement les conditions décrites par les images. L’éleveuse incriminée qualifie la vidéo de "fausse, mensongère et malhonnête".
L214 a diffusé des images chocs prises il y a quelques jours dans un élevage de canards reproducteurs situé à Lichos (Pyrénénes-Atlantiques). L'association abolitionniste évoque un bâtiment "totalement insalubre", cadavres de canards "décomposés" et "non ramassés", cages "en train de s'effondrer", épais "flot d'excréments" qui "déborde à l'extérieur", asticots, rats qui "prolifèrent".
Le ministère de l'Agriculture a aussitôt réagi en demandant à la préfecture de diligenter une enquête complète de l'état de l'exploitation. "Les services ont pu confirmer certains des manquements à la réglementation en vigueur ", indique le ministère dans un communiqué. Un vétérinaire devait se rendre sur place ce jeudi 20 août au matin pour examiner l'état des animaux. La procédure pourrait aboutir à une mise en demeure et à la suspension d'activité. Une procédure judiciaire est par ailleurs ouverte. "Les suites de l'enquête seront communiquées en toute transparence", assurent les autorités.
"Dérives inacceptables mais isolées"
Le ministre de l'Agriculture a rappelé à cette occasion que 13.700 inspections ont été réalisées en 2019 au titre de la protection animale et que "seules les autorités compétentes sont habilitées par le droit à effectuer des contrôles au sein de propriétés et d'exploitations agricoles".
"Nous multiplions les contrôles pour protéger les animaux et prendre des mesures strictes afin que ces dérives inacceptables, mais isolées et individuelles, ne jettent pas le discrédit sur toute une profession à laquelle j'assure mon soutien et ma confiance", a déclaré Julien Denormandie.
L'interprofession du foie gras, n'a pas tardé à réagir. "Si les images présentées dans cette vidéo étaient confirmées lors de l'inspection par les pouvoirs publics, le Cifog dénoncera fermement cette situation qui ne peut jamais être tolérée et porte atteinte à toute la filière". En cas de procédure judiciaire, l'interprofession se porterait partie civile, conformément à sa Charte de production. Le Cifog rappelle que la "priorité d'un éleveur est le bien-être de ses animaux, paramètre indispensable au bon fonctionnement de son élevage et à la production de produits de qualité".
De son côté, l'IGP canard à Foie Gras du Sud-Ouest suspend immédiatement à titre conservatoire l'élevage mis en cause, dans l'attente des résultats de l'inspection diligentée par les services de l'État. Et, selon les conclusions de ces derniers, se réserve la possibilité d'entamer des poursuites sur le plan judiciaire.
Vidéo "fausse et mensongère" selon l'éleveuse
Aurore Vidal, éleveuse copropriétaire de l'exploitation, a affirmé à l'AFP que la vidéo était "fausse, mensongère et malhonnête" et annoncé des poursuites en "diffamation". "Les services vétérinaires sont venus hier (mercredi) et n'ont rien constaté de tout ça », faisant allusion aux différentes dénonciations de L214. "Sur la partie extérieure, le lisier qui se déverse, c'est la vérité", a concédé Aurore Vidal. "Des images de l'extérieur, de certains animaux en cage, c'est notre exploitation. Mais les cadavres morts, etc. Ceci n'est pas notre exploitation", a-t-elle insisté. Mme Vidal a expliqué "qu'il y a eu, il y a quelque temps, des intempéries qui ont fait bouger le bâtiment, sur l'ensemble des quatre (bâtiments de l'exploitation), c'est le seul mené à mal". Elle évoque aussi la malveillance d'un ancien intérimaire.
Une plainte a été déposée mercredi à Pau par l'avocate de L214 pour "cruauté envers les animaux", "abandon", et "atteinte à l'environnement", en raison des risques encourus par le Saison, un proche cours d'eau, à cause des déjections s'écoulant du bâtiment. La procureure de Pau a indiqué jeudi l'ouverture d'une enquête, confiée à la gendarmerie.
La préfecture a annoncé des contrôles jeudi, après des premiers contrôles mercredi, et un "contrôle renforcé" dans les prochains jours, et une suspension "si nécessaire".