Face aux loups, les éleveurs européens veulent faire pression sur la Convention de Berne

18 associations d’éleveurs représentatives de 11 pays organisent un meeting le 29 novembre prochain dans l’Isère, destiné à appuyer la demande de déclassement du loup dans la Convention de Berne, dont le comité permanent examinera le même jour une requête de la Suisse.

Le 29 novembre prochain à Saint-Jean-de-Bournay (Isère), une vingtaine de représentants d’associations de défense de l’élevage de plein air, issus de 11 pays européens, se succèderont à la tribune de « l’union européenne pour le déclassement du loup » pour rendre compte de l’impact du grand prédateur dans chacun de leur pays. Ils se feront les porte-paroles de délégations d’éleveurs en provenance d’Allemagne, d’Espagne d’Italie, de Norvège, de Slovénie etc. et bien entendu de la France. « Le meeting permettra notamment de battre en brèche l’idée selon laquelle, dans certains pays, la cohabitation entre les loups et les éleveurs se passerait bien », déclare Mélanie Brunet, éleveuse en Aveyron, présidente du Cercle 12, une des cinq associations françaises membres du collectif Pâturage & Biodiversité et qui sera bien évidemment du meeting.

Convention de Berne ou élevage en berne ?

Mais les éleveurs nourrissent un autre objectif : celui d’obtenir la sortie du loup de son classement dans l’annexe II de la Convention internationale de Berne (1979), qui lui confère le statut « d’espèce de faune strictement protégée » pour le rétrograder dans l’annexe III « espèce de faune protégée ». Au sein de l’UE, le loup est également sous la protection de la Directive Habitat (1992). Le tout préserve les populations du risque d’extinction, ce que les éleveurs, français notamment, estiment largement acquis, eu égard à l’évolution du nombre de spécimens et à l’extension territoriale de l’espèce.

Selon le dernier décompte de l’Office français de la biodiversité (OFB), la France comptait 921 loups au sortir de l’hiver 2021-2022, contre 624 un an auparavant, décompte réévalué a posteriori à 783 par l’OFB. Dans tous les cas, l’effectif dépasse le seuil de viabilité estimé à 500 spécimens et spécifié dans le Plan loup 2018-2023.

Au sein de la Convention de Berne, le vote de l’UE est porté par le Conseil de l’Union européenne, représentant les gouvernements des Etats membres, et qui, sur proposition de la Commission européenne, s’oppose à la révision de la fameuse annexe, au motif que « l’état de conservation des loups ne serait pas satisfaisant au niveau européen ». Ce à quoi Mélanie Brunet rétorque que « les loups ne sont pas en danger, mais l’élevage de plein air, oui ».

L’engagement de Macron ?

Côté français, la position de l’exécutif sur le statut du loup n’est pas vraiment explicite. Le 21 juillet dernier, à l’occasion d’une entrevue avec des éleveurs, en marge de sa présence sur le Tour de France à Argelès-Gazost (Hautes-Pyrénées), le président de la République avait annoncé la création d’une seconde brigade de loup déployée sur les Pyrénées et le Sud du Massif central, en renfort de celle du Sud-Est. Selon la FNSEA, Emmanuel Macron serait aussi « engagé à faire évoluer le statut du loup au niveau européen ». Mais pas au point de retourner le Conseil de l’UE à cette prétendue cause. Ou pas encore en tout cas.