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Loup : vers des tirs de défense pour protéger les bovins
Les éleveurs de bovins, mais également d’équins et d’asins, pourraient bénéficier d’autorisations de tir dérogatoires, sous réserve que des démarches en matière de réduction de la vulnérabilité des troupeaux aient été engagées par les éleveurs.
Le loup ne fait pas que coloniser de nouveaux territoires, générer toujours plus d’attaques et faire toujours plus de victimes parmi les troupeaux : il s’attaque aussi de plus en plus souvent aux bovins. Selon les dernières données de l’OFB, en 2024, les bovins concentrent désormais plus de 10% des attaques. Problème : la protection des troupeaux, qui n’est déjà pas une sinécure en matière ovine, est encore plus problématique en élevage bovin. A telle enseigne que la Loi d’orientation agricole, promulguée en mars dernier, lui réserve une mention particulière, à l’article 47. « Dans le cadre de la gestion des risques de la prédation sur les troupeaux, compte tenu de l’absence de moyens de prévention efficaces disponibles, des tirs contre les loups peuvent être autorisés pour la protection des troupeaux de bovins, d’équins et d’asins, sous réserve que des démarches en matière de réduction de la vulnérabilité de ces troupeaux aient été engagées par les éleveur ».
Attention particulière pour les animaux de moins de 12 mois
C’est tout l’objet du projet d’arrêté, modifiant l’arrêté du 21 février 2024 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus) et s’inscrivant dans le prolongement de l’arrêté du 7 février 2025. Soumis à consultation publique jusqu’au 10 juin prochain, l’arrêté modificatif vise à fixer les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction pourront être accordées par les préfets concernant le loup (Canis lupus).
Les tirs dérogatoires seraient conditionnés à la mise en œuvre de « mesures de réduction de la vulnérabilité des troupeaux » comprenant, pour chaque lot d’animaux, au moins une des mesures ci-dessous, avec une attention particulière pour les animaux de moins de 12 mois et ceux soumis à un risque de dérochement
Une mesure au moins de réduction de vulnérabilité parmi les suivantes :
- vêlages en bâtiment ou en parcs renforcés, ou à proximité immédiate
- élevage d’animaux de moins de 12 mois en parcs renforcés proches des bâtiments d’exploitation ou en bâtiment
- mélange d’âges et de types de bovins et équins (pas d’animaux de moins de 12 mois seuls)
- présence de bovins à cornes dans le lot concerné
- visite quotidienne des lots concernés
- regroupement des lots pour constituer des troupeaux plus importants en nombre
- utilisation d’un système d’alerte et intervention humaine : colliers GPS connectés sur les animaux ou utilisation des pièges photos GSM disposés sur les zones de pâturage qui peuvent alerter de la présence des loups
- regroupement nocturne dans une enceinte protégée (en bâtiment ou par une clôture électrique)
- mise en défens (clôtures) des zones dangereuses comme les barres rocheuses
- une des mesures de protection au sens de l’arrêté du 30 décembre 2022 susvisé parmi : gardiennage renforcé ou surveillance renforcée, chiens de protection des troupeaux, parcs électrifiés
- renforcement du rythme d’inspection des animaux pour atteindre au moins une visite quotidienne pour les lots qui ne seraient pas déjà soumis à cette obligation au titre de l’arrêté du 25 octobre 1982 modifié
- toute autre mesure découlant d’une analyse technico-économique territoriale validée par le préfet coordonnateur
Dans la mise en œuvre de chacune de ces mesures, une attention particulière est portée aux troupeaux les plus vulnérables (animaux de moins de 12 mois, animaux soumis à un risque de dérochement).
Le CNPN émet un avis défavorable
Le Conseil national de la protection de la nature (CNPN), estimant qu’« aucune des mesures fixées ne peut à elle seule répondre raisonnablement et de façon proportionnée à l’obligation de l’éleveur d’assurer une prévention effective et suffisante des troupeaux contre d’éventuels dommages », a émis un avis défavorable à l’unanimité. « Seule l’association de plusieurs des mesures prévues, sélectionnées de façon attentive en fonction des contextes locaux, serait en effet de nature à contribuer à une prévention acceptable contre d’éventuels dommages importants, au sens de la règlementation ». Le CNPN demande l’établissement d’un référentiel dédié assorti de financement d’aide à la protection.