Alimentation : Bonduelle dévoile des résultats record et promet une "révolution végétale"

Le groupe familial français Bonduelle, numéro un mondial du légume prêt-à-manger, a engrangé des résultats record en 2017-18 qui ont rassuré les marchés, et annoncé son repositionnement sur une "révolution végétale" de long terme.

Dans une année "charnière" en termes de gouvernance avec la nomination d'un nouveau directeur général, Guillaume Debrosse, aux côtés du président Christophe Bonduelle, le groupe a enregistré un bénéfice net de 72,3 millions d'euros sur l'exercice clos fin juin, contre 59,8 millions d'euros l'année précédente. Le chiffre d'affaires est en progression de 21,4%, à 2,77 milliards d'euros, à son plus haut historique, contre 2,28 milliards un an auparavant. L'envolée de l'activité repose essentiellement sur "la consolidation en année pleine de l'activité de la société américaine Ready Pac Foods" rebaptisée Bonduelle Fresh America, a expliqué M. Bonduelle lundi.

La nouvelle entité va être dirigée par Mary Thompson, débauchée du géant américain Cargill, également une entreprise familiale "habituée à la stratégie à long terme", a dit M. Bonduelle. Désormais, le groupe partage son chiffre d'affaires entre l'Amérique du Nord (47%, dont 37% aux Etats-Unis) et l'Europe (45%). 

A l'international, deux autres développements notables: l'acquisition début juillet de l'activité de fruits et légumes transformés de Del Monte au Canada, et un partenariat au Brésil avec Unilever, pour la sous-traitance de la marque Knorr. Le groupe attend "une nouvelle progression" de sa rentabilité pour 2018-19. Cette année, le bénéfice d'exploitation a progressé de 14,2% à son plus haut historique: 123,6 millions d'euros contre 108,3 millions d'euros en 2016-2017.

Effet sécheresse à prévoir   

Ces résultats ont plu aux investisseurs, le titre gagnant plus de 6% en tout début d'après-midi, à 28,80 euros, alors que le marché ne progressait que de 0,29%. M. Bonduelle a présenté le nouveau "manifesto" du groupe qui s'engage dans une "révolution végétale" de long terme, illustrée par le slogan -en français- "la nature, notre futur".

"Nous travaillons avec nos partenaires sur tous les fronts, depuis 165 ans, au développement d'une production végétale moderne et respectueuse de l'eau, de l'air, des sols, et des sous-sols. Nous défendons donc résolument une agro-industrie efficiente, écologique, intelligente et solidaire, tournée vers une alimentation saine, dûre, durable et accessible" a dit M. Bonduelle. S'adressant aux investisseurs, il a ajouté que le groupe était une "entreprise qui vise la croissance, mais s'inscrit dans le long terme": "J'ai dit dès le premier jour aux boursiers, que s'ils voulaient faire des aller-retour à deux mois, ce n'est pas la peine de venir" a-t-il déclaré.

Le titre Bonduelle a souffert depuis le début de l'année après un avertissement lancé en mars sur les résultats. Il a aussi prévenu que la sécheresse exceptionnelle qui a touché l'hémisphère nord cet été aurait un impact de 7 à 8 millions d'euros sur son résultat 2018-19. Le chiffre d'affaires total devrait progresser de 2,5% et la rentabilité opérationnelle -hors météo- de 11%.

En matière d'innovations, Bonduelle surfe sur la vague végétarienne en déclinant des nouveautés tous azimuts: purées surgelées enrichies pour les seniors, conserves de légumes oubliés en Allemagne, pâtes sans gluten uniquement composées de légumineuses, conserves bio, légumes grillés, tartinables, jus et soupes, bols et "shots végétaux".

Interrogé sur la loi Alimentation qui va être votée en France cette semaine, M. Bonduelle a estimé qu'elle ne changerait "rien" pour le groupe, considéré "comme un modèle en matière de contractualisation avec les agriculteurs".

En aval, le relèvement du seuil de revente à perte (SRP), prévu par le texte, "nous impactera", a-t-il averti, laissant craindre une hausse des prix pour les consommateurs ou un recul des ventes en France.

Guillaume Debrosse, qui a pris ses fonctions en juillet, a évoqué la possibilité pour le groupe de se diversifier dans la "greenologie", les services aux chefs pour mieux cuisiner les légumes. "Nous ne nous interdisons pas de proposer des services autour de notre savoir-faire agro-industriel", a-t-il dit.