L’œnotourisme peut (et va) mieux faire

Sous l’impulsion du ministère du Tourisme, le Conseil supérieur de l’œnotourisme a identifié cinq axes d’action pour exploiter tout le potentiel de croissance d'un secteur, en butte au changement climatique, aux soubresauts géopolitiques et à la déconsommation.

Des entraves aux financements d’infrastructures dédiées à l’œnotourisme, des lourdeurs administratives perceptibles et dommageables au niveau de l’ouverture dominicale, de l’emploi familial ou encore de la licence III, des difficultés pour faire émerger des bâtiments à vocation touristique en zone agricole sinon pour modifier l’usage de bâtiments existants, un manque de lisibilité, de segmentation, de hiérarchisation et de continuité de l’offre, des problèmes d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap, soit potentiellement un visiteur sur six… : tels sont quelques-uns des freins au développement de l’œnotourisme inventoriés par le Conseil supérieur de l’œnotourisme (CSO). Ce dernier avait été mandaté en février dernier par Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du tourisme, pour d’élaborer une feuille de route en « capitalisant sur nos points forts existants, en identifiant les freins mais aussi les axes de progressions par rapport à nos principaux concurrents », que sont l’Italie, l’Espagne et le Portugal pour ne parler que de l’Europe.

5 axes prioritaires

Les travaux du CSO ont permis de dégager 5 axes d’action prioritaires : la simplification des normes d’urbanisme rural pour permettre la transformation de bâtiments agricoles en lieux d’accueil du public, la facilitation de l’accessibilité, en particulier pour les personnes en situation de handicap, mais aussi à travers un meilleur balisage des itinéraires et une gestion des conflits d’usage avec les riverains et les exploitations, la montée en compétences des professionnels via la formation et la certification, le soutien à l’innovation, à la transition écologique et à l’investissement dans l’accueil, et enfin la création d’événements nationaux et locaux, comme une Journée nationale de l’œnotourisme ou des fêtes viticoles écoresponsables.

"Je souhaite que la France devienne la première destination œnotouristique en Europe à l’horizon 2030"

Le CSO recommande par ailleurs de mettre en place une expérimentation autour d’un baromètre de l’œnotourisme visant à mesurer les évolutions du marché dans le temps et à éclairer le pilotage de la filière par des données objectives. Il invite également à construire, aux côtés de l’offre touristique des vignobles, des synergies avec le spiritourisme et le tourisme brassicole. « La France est la première destination touristique au monde et une référence planétaire en matière de vin : l’œnotourisme est à l’intersection de ces deux forces, souligne dans un communiqué Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du tourisme. Je souhaite que la France devienne la première destination œnotouristique en Europe à l’horizon 2030 ».

12 millions d’œnotouristes en 2023

L’œnotourisme, défini comme « comme l’ensemble des prestations relatives aux séjours touristiques dans des régions viticoles permettant la découverte conjointe du vin, des terroirs mais aussi des hommes et des femmes sur le territoire où ils vivent et travaillent » représente un levier de développement important pour la filière. Outre la diversification des revenus, il est porteur de différenciation et de fidélisation et contribue à valoriser notre patrimoine matériel et immatériel et à dynamiser les territoires ruraux.

Créé en 2029, le Conseil supérieur de l’œnotourisme est un organe de réflexions et de propositions autour de la valorisation et de la structuration de la filière vinicole. Il est à l’origine de la création du label Vignobles & Découvertes, qui distingue « les destinations proposant une offre complète, correspondant à une pratique de court séjour, pertinente sur la thématique du vignoble, et de qualité ». A ce jour, le réseau totalise 75 destinations engageant près de 9000 acteurs, dont 2900 caves et domaines représentant près de 30% de ceux ouverts au public.

Selon Atout France, d’Atout France, l’Agence de développement touristique de la France, notre pays a accueilli 12 millions d’œnotouristes en 2023, 20% de plus qu’en 2016, date de la dernière enquête.