L’Amérique du nord en proie à la chaleur et la sécheresse

Les conditions de culture aux USA et au Canada ne cessent de se dégrader, en raison de la sécheresse et de la chaleur persistante, alimentant la hausse des cours mondiaux des céréales. Des records absolus de température ont été observés, sous l’influence d’un puissant « dôme de chaleur ». Le point sur ce phénomène météorologique et sur ses conséquences.

Entre la fin juin et le tout début juillet 2021, le sud-ouest du Canada et le nord-ouest des Etats-Unis ont subi des températures jamais observées sous l’influence d’un puissant « dôme de chaleur ». Quel est ce phénomène météorologique et quelles en sont les conséquences ? « A l’image des canicules historiques, qui ont terriblement affectées la France en juin et juillet 2019 ainsi qu’en août 2003, l’ouest de l’Amérique du Nord a vécu de longues journées sous des températures torrides, indique Nicolas Le Friant, météorologiste chez DTN. Nous avons relevé jusqu’à 49,6°C le mardi 29 juin à Lytton au Canada. Malheureusement, cette petite ville a, par la suite, disparu sous les incendies qui ont ravagé cette région à l’issu de cette terrible canicule ! »

Ce genre de situation météorologique n’est néanmoins pas exceptionnel, mais, en lien avec le réchauffement climatique, les experts constatent que les chaleurs observées sont beaucoup plus intenses et les records absolus ne cessent d’être battus d’année en année. On se souvient par exemple des 42,6°C du 25 juillet 2019 à Paris.

Phénomène de la casserole

« Plus précisément, le « dôme de chaleur » s’est formé du fait d’une importante ondulation du courant jet (vent d’ouest circulant à très haute altitude), ce qui a généré la formation de deux zones anticycloniques », explique Nicolas Le Friant. L’une était située sur le Pacifique, bloquant l’arrivée d’air frais et humide en provenance de l’Océan, et l’autre, davantage axée entre la Baie d’Hudson et les Grands Lacs américains.

« En conséquence, l’air très chaud californien est remonté vers le nord-ouest des Etats-Unis et le sud-ouest du Canada et a été piégé par justement ces deux zones de hautes pressions, poursuit le météorologiste. En surface, les pressions atmosphériques n’étaient pas élevées (l’air chaud s’élève en altitude et fait baisser la pression) mais, en altitude, elles l’étaient ». Résultat, cet air chaud ne pouvait plus s’évacuer de cette grande région et a eu tendance à devenir de plus en plus torride de jour en jour car le rayonnement nocturne (évacuation de la chaleur accumulée durant la journée) fut complètement bloqué. Pour comparaison, ce phénomène est similaire à une casserole avec son couvercle, l’air piégé se réchauffe.

« Cette canicule fut donc historique avec une pluie de records absolus, note Nicolas Le Friant. En effet, les températures maximales ont oscillé entre 40°C et presque 50°C. Ce sont les Etats de l’Oregon et de Washington aux USA ainsi que la Colombie-Britannique et l’Alberta au Canada qui ont été les plus durement affectés. De plus, les incendies, qui ont suivi, ont été ravageurs et malheureusement mortels ».

Gros recul de la production

Le potentiel de production des blés aux Etats-Unis et au Canada est largement entamé en raison de la chaleur et du déficit hydrique qui persiste. Les premiers comptages réalisés dans le cadre du « crop tour » du Wheat Quality Council's dans le Dakota du Nord, principal état producteur, font état d’un recul de 32% pour les blés de printemps par rapport à la moyenne quinquennale, indique Agritel le 28 juillet. Au Canada, alors que 6,6 millions de tonnes (Mt) de blés durs avaient été récoltées l’année dernière, les perspectives sont dorénavant de 5 Mt pour la campagne 2021/2022.