« L’urbanisation, une double menace pour mon lait cru abondance »

[SIA 2022] Eleveur en Haute-Savoie, Xavier Tissot craint que la spéculation immobilière ampute son exploitation de parcelles vitales. Autre effet collatéral : le risque sanitaire pour le lait cru.

100 vaches et autant d’élèves, 165 hectares assurant l’autonomie aussi bien en fourrages qu’en céréales, un lait très bien valorisé à la Coopérative laitière sur l’Etang à Groisy (Haute-Savoie) : tous les voyants sont au vert pour le Gaec Le Vedellou, situé à Cernex (Haute-Savoie). Sans compter la participation au Concours général agricole de la race abondance. A un détail près : la commune en question est très proche de la frontière suisse. « L’immobilier spécule affreusement », s’inquiète Xavier Tissot.

Avec 80% des terres en location, l’éleveur redoute qu’un jour ou l’autre, 10 ou 20 hectares lui soient fauchés sous pied au profit de la construction. « Si la menace devient réalité, c’en est fini de l’autonomie et de l’équilibre économique de l’exploitation ».

"Il faut stopper l’urbanisation excessive, l’Etat en a les moyens"

Selon l’éleveur, l’urbanisation est porteuse d’une autre menace au plan sanitaire. « Les cas de néosporose sont de plus en plus fréquents », explique-t-il. Causée par un parasite unicellulaire de la famille des coccidies, la maladie provoque des avortements chez les bovins et menace la production de lait cru. « Davantage de maisons, c’est davantage de fosses septiques et davantage de chiens hôtes du parasite ».

Xavier Tissot attend de l’Etat qu’il protège davantage les terres agricoles. « Il faut stopper l’urbanisation excessive, l’Etat en a les moyens. Les anciens ont fait le boulot pour être en zone abondance et reblochon, perdre 300 euros les mille litres pour passer en lait conventionnel pasteurisé, c’est pas possible ».