La France a perdu 100 000 fermes en 10 ans

Entre 2010 et 2020, la France a perdu 100 000 exploitations agricoles, dont le nombre s’établit aujourd’hui à 389 000, selon les résultats du dernier recensement agricole publié le 10 décembre. La surface moyenne des fermes est de 69 hectares, soit 14 ha de plus qu’il y a dix ans.

Le dernier recensement agricole, qui a eu lieu entre octobre 2020 et mai 2021, dresse le portrait de la ferme France aujourd’hui. Selon ses données, encore provisoires (les données définitives seront publiées en avril 2022), la France métropolitaine compte 389 000 exploitations agricoles, soit environ 100 000 de moins qu’il y a dix ans lors du précédent recensement. Entre 2010 et 2020, le nombre de fermes a donc continué à baisser, mais à un rythme moins élevé que lors de la précédente décennie : -2,3% par an, contre -3% entre 2000 et 2010.

Baisse du nombre d’élevages

Les exploitations spécialisées en élevage sont celles dont les effectifs se réduisent le plus. Entre 2010 et 2020, leur nombre diminue de 31% (- 64000). La baisse est encore plus marquée parmi les exploitations combinant plusieurs types d’élevages, tels ceux de bovins conjuguant production de lait et de viande (-41%) ou parmi les fermes associant cultures et élevages (-41% également). Celles spécialisées en production végétale résistent mieux (-9%), malgré un recul en viticulture et en arboriculture fruitière. Quant aux exploitations maraîchères ainsi que certaines exploitations de grandes cultures, leur effectif s’accroît en 10 ans. Ainsi, en 2020, 52% des exploitations sont spécialisées en production végétale contre 45% en 2010.

Maintien des surfaces agricoles

La surface agricole utile (SAU) nationale n’a en revanche baissé que de 1% par rapport à 2010. Elle s’élève à 26,7 millions d’hectares. En conséquence, les exploitations se sont agrandies : la moyenne en 2020 est de 69 hectares, contre 55 ha en 2010 et 42 ha en 2000. L’extension des surfaces est plus marquée pour les éleveurs que pour les exploitations spécialisées en production végétale. Ainsi, de 2010 à 2020, les surfaces moyennes des élevages de vaches laitières augmentent de 78 à 106 ha, celles des élevages de bovins viande de 65 à 85 ha, et celles des producteurs de céréales et oléo-protéagineux de 80 à 96 ha.

Evolution du nombre d'exploitations et de la SAU moyenne entre 1970 et 2020 en France métropolitaine (source : Agreste)

Davantage de grandes exploitations

Les grandes exploitations, dégageant plus de 250 000 euros par an de Production brute standard (PBS), sont les seules dont le nombre s’accroît en 2020 (+3,4%). Elles représentent désormais une exploitation sur cinq. Dotées d’une SAU moyenne de 136 ha, elles exploitent près de 40% du territoire agricole, soit 7 points de plus qu’en 2010. Quasi inexistantes dans les élevages de bovins viande, d’ovins ou de caprins, elles représentent plus de 7 exploitations spécialisées en porcins sur 10.

À l’opposé, l’effectif des micro-exploitations (moins de 25 000 euros de PBS) diminue à un rythme plus soutenu que celui de l’ensemble des exploitations (-31% entre 2010 et 2020). Elles cultivent en moyenne 12 ha et rassemblent moins de 3 exploitations sur 10. Ces micro-exploitations valorisent 5% des surfaces agricoles en France métropolitaine tout en mobilisant 10% du temps de travail des exploitations. Nombreuses dans les élevages d’ovins, caprins ou autres herbivores, elles sont plus rares parmi les élevages de vaches laitières.

Hausse des signes de qualité

En 2020, 12% des exploitations sont en agriculture biologique (contre 3,7% en 2010) et 27% sont sous autres signes officiels de qualité ou d’origine (24% en 2010). 23% des exploitations vendent en circuit court, en vente directe ou via un seul intermédiaire (contre 17,5% en 2010).

Population vieillissante

La proportion de jeunes exploitants de moins de 40 ans reste stable (20%) avec en 2020, 100 500 agriculteurs de moins de 40 ans. Cependant, celle des chefs d’exploitations et co-exploitants de 60 ans ou plus est celle qui s’accroît le plus avec 5 points supplémentaires en 10 ans (de 20% en 2010 à 25% en 2020). « Le défi démographique reste majeur, réagit-on au ministère de l’Agriculture. Si le nombre d’installations d’agriculteurs reste stable, il en manque encore 7 000 par an pour compenser les départs à la retraite. En effet, 58% des chefs d’exploitation ont plus de 50 ans. Ils étaient 52% en 2010. Le constat positif et encourageant est que la part d’agriculteurs de moins de 40 ans ne décroit pas depuis 10 ans. »

En 2020, 759 000 personnes occupent un emploi permanent dans les exploitations agricoles, soit l’équivalent de 583 000 emplois à temps plein (-12% en 10 ans). Si la part des chefs d'exploitation et coexploitants dans le volume de travail est stable, celle des aidants familiaux (hors coexploitants familiaux) se réduit tandis que celle des salariés permanents non familiaux augmente. Les salariés saisonniers assurent le reste des heures travaillées dans les mêmes proportions en 2020 qu’en 2010. Du personnel externe d’entreprises de travaux agricoles, de coopératives d’utilisation de matériel agricole ou de groupements d’employeurs peut également être mobilisé. La part des exploitations qui y ont recours reste stable en 10 ans (56%).

Enfin, la part de femmes à la tête d’exploitations agricoles est restée quasiment stable mais en légère régression, à 26%, contre 27% il y a 10 ans. « Ces chiffres nous montrent que les métiers agricoles doivent être rendus plus attractifs pour les femmes », indique-t-on au ministère.