- Accueil
- La laiterie de Verneuil face à la crise bio
La laiterie de Verneuil face à la crise bio
La coopérative lochoise a été contrainte de déclasser une part importante de son lait en conventionnel. Elle continue néanmoins de soutenir ses éleveurs et réfléchit à des solutions pour redynamiser ce segment d'activité.
La laiterie de Verneuil collecte chaque année 4 millions de litres de lait biologique valorisés en lait UHT. Elle s’appuyait jusque-là sur un réseau de huit éleveurs, sept en bovins et un en caprin pour alimenter sa production.
Du fait du ralentissement du marché du bio, la laiterie a été contrainte de déclasser environ 50 % du volume collecté en conventionnel. Cette décision illustre la diminution de la demande en produits biologiques. « Les éleveurs de lait biologique sont particulièrement touchés par cette situation car ils ont des difficultés à couvrir leurs coûts de production », déclare Denis Raguin, le président de la laiterie.
LIRE AUSSI :« Il lait là » : c’est notre lait ! - Pleinchamp
La production de lait de chèvre biologique est particulièrement affectée par cette situation. « Dans la région Centre-Val de Loire, le lait conventionnel est valorisé à travers des fromages AOP. Il devient difficile de justifier l'augmentation des prix pour les produits en bio », considère Denis Raguin. L’éleveur caprin de la coopérative a été contraint de se « déconvertir », car il était dans l’incapacité de continuer à produire du lait bio du fait d'une rémunération insuffisante.
« Les volumes de commercialisation du lait bio auraient tendance à augmenter, mais au détriment du prix », révèle le président de la laiterie. Le maintien des marges élevées par les intermédiaires de la filière n’arrange pas la situation des éleveurs. « Il y a une différence de 50 euros pour 1 000 litres entre Verneuil et les autres coopératives laitières », précise Denis Raguin, illustrant les inégalités au sein de la filière.
Des produits laitiers lésés par la loi Egalim
Les collectivités se sont engagées avec la loi Egalim à approvisionner leurs cantines scolaires avec au moins 20 % de produits bio. Cependant, « les produits laitiers biologiques sont souvent absents des tables de la restauration collective, constate Denis Raguin. Les produits laitiers sont ceux pour lesquels la différence de prix entre le conventionnel et le biologique est la plus importante. »
Un effort collectif pour soutenir les éleveurs
Face à cette crise, « il y a un effort collectif de la part des éleveurs de la coopérative pour assurer une rémunération correcte à leurs collègues en bio », rapporte le président de la laiterie. La coopérative fixe un prix minimum garanti à l’année, annoncé aux éleveurs un an à l’avance, offrant ainsi une certaine stabilité. De plus, les producteurs bio reçoivent une prime d’environ 90 euros par 1 000 litres de lait bio produits. Paradoxalement, « il y a une demande et une volonté de la part des éleveurs à produire en bio. Nous devons y répondre », affirme-t-il.
La coopérative opte pour une stratégie de soutien envers ses éleveurs existants, tout en prospectant de nouveaux marchés. « Nous devons d'abord soutenir ceux qui sont déjà engagés dans la filière, avant d'attirer de nouveaux producteurs », explique Denis Raguin.