« La limousine permet d’installer des jeunes » : rencontre avec les passionnés de la race égérie du Salon

Le Salon international de l’agriculture de Paris s’ouvre ce samedi, sous la houlette d’Oupette, vache limousine de 6 ans. Pour la première fois ainsi mise en avant, la race limousine rappelle qu’elle est la 2e race allaitante en France et qu’elle compte un million de représentantes, élevées dans 30 000 élevages. Rencontre avec deux de ses éleveurs.

L’élue de leur cœur s’appelle limousine. Frédéric Pungeot et Bruno Lambert sont deux éleveurs du Maine et Loire. Le premier, sélectionneur réputé est installé avec son frère à Feneu avec 200 mères. Le second, président du syndicat départemental 49 et juge agréé, élève 150 vaches à La Cornuaille. En 2025, son Gaec est passé de trois à quatre associés : son neveu va y développer l’engraissement des mâles. « La limousine permet d’installer des jeunes », se réjouit-il.

Quand ils évoquent leur race, Frédéric et Bruno parlent autant de raison que de passion. « Nous ne sommes pas dans le berceau. Cette race, nous l’avons choisie ». Tous deux fils de paysans, ils ont grandi environnés de rouges des prés et de charolaises. C’est durant leurs études agricoles, dans les années 1990, qu’ils rencontrent la limousine. « Quitte à passer sa vie avec des vaches, autant le faire avec celles qui nous plaisent le plus », plaisante Bruno.

Bruno Lambert, juge agréé, élève 150 limousines dans le Maine et Loire.

Le meilleur compromis entre rendement et facilité d’élevage

Les raisons de leur choix : d’abord, la facilité de naissance et d’élevage de cette race, alliée à ses excellentes qualités bouchères (bon rendement en viande grâce à sa finesse d’os). « C’est une race facile à finir, qui valorise bien les fourrages grossiers », expliquent les éleveurs, tous deux éleveurs en production conventionnelle très herbagère. « La limousine, c’est un peu le meilleur compromis possible entre la viande, et donc la marge de l’éleveur, et la facilité d’élevage ».

Ce bon compromis, Frédéric et Bruno ne sont pas les seuls éleveurs à l’avoir repéré : « C’est la race allaitante qui a connu la plus forte progression ces cinquante dernières années. Aujourd’hui, alors que le cheptel allaitant se réduit, c’est celle qui diminue le moins », décrit Frédéric. Avec 1,02 million de femelles (source BDNI 2024), la limousine représente 30 % des effectifs de vaches allaitantes françaises. Elle n’est plus très loin de la première race, la charolaise (1,2 million de vaches) et se détache de la troisième, la blonde d’Aquitaine, avec 0,39 million.

Infidèle : 12 ans, 12 veaux (trois paires de jumeaux), championne et mère de champions. (Photo Catherine Perrot)

Participer à l’amélioration de la race

Eleveurs de limousines, Frédéric et Bruno sont aussi des acteurs de l’amélioration de la race : tous deux font de la sélection. « En réalité, tous les éleveurs sont sélectionneurs ! », souligne Frédéric. Mais lui l’est un peu plus que les autres, puisqu’il réalise environ la moitié de son chiffre d’affaires via la vente de reproducteurs : une dizaine de ses mâles partent chaque année à la station nationale de Lanaud (87) où ils sont évalués puis vendus aux enchères. Les ventes des génisses sont également très dynamiques : « La demande est forte depuis une dizaine d’années, surtout dans notre région ».

Les objectifs de sélection de Frédéric Pungeot sont de chercher à améliorer les morphologies mais sans jamais dégrader les facilités de naissance. « Ce que veut un éleveur avant tout, c’est avoir un veau vivant chaque année », appuie Bruno Lambert. « Avoir des vêlages faciles est un critère de plus en plus crucial, à l’heure où les troupeaux s’agrandissent ».

Si Frédéric vend sa génétique plutôt à l’échelle nationale, la race limousine s’exporte quant à elle très bien à l’étranger, c’est même la race la plus exportée, grâce notamment à sa structure dédiée : Interlim génétique service. « La limousine s’acclimate très bien partout où il y a de l’herbe ».

Frédéric Pungeot, sélectionneur installé avec son frère avec 200 mères.

Oupette, une égérie chouchoutée

Et à propos « d’international », Frédéric et Bruno seront, bien sûr, présents au Salon de l’agriculture de Paris, qui, pour sa 61e édition, et pour la première fois, a choisi une vache limousine comme égérie. « C’est bien pour le prestige de la race ».

Le concours général agricole de la limousine aura lieu le 27 février au matin. Il rassemblera la crème de la crème des animaux, que Bruno a d’ailleurs contribué à sélectionner au cours d’un périple de 1700 km à travers les fermes. Au total, 39 animaux seront en lice. C’est un peu moins que les années précédentes, car les places sont limitées : Oupette et son veau prennent de l’espace ! Ils occuperont une case d’honneur spéciale dans le hall 1, autour de laquelle de nombreuses animations seront proposées.