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[Témoignage d'expérience] La performance technique au service de la rentabilité au Gaec Bournigal
Une soixantaine d’éleveurs de bovins allaitants se sont rendus sur l’exploitation de François et Nicolas Bousseau aux Herbiers dans le cadre d’une porte ouverte où la conduite des cultures et des animaux avec des fourrages riches en protéines était mise en avant.
La maîtrise technique est un gage de qualité sans aucun doute et le Gaec Bournigal en est la preuve, en l’espace de sept ans, l’élevage a gagné 30 kg de poids vif par UGB. Ce gain est dû à la mise en place de différents tests pour améliorer les performances de l’atelier allaitant. « Dans un premier temps, nous avons travaillé sur le taux de mortalité des veaux de la naissance au sevrage », explique François Bousseau, un des associés du Gaec. Le taux de mortalité était de 14,8% en 2016, et s’expliquait par la surcharge des bâtiments. « À l’époque, nous faisions 180 vêlages par an mais sans avoir plus de place. Lorsque nous avons diminué à 160 le nombre de vêlage, le taux de mortalité a chuté à 6,8% », souligne François Bousseau. La diminution du cheptel a également été bénéfique pour l’exploitation qui a vu sa production brute de viande vive gagner douze kilos depuis 2016 et la rémunération de trésorerie est restée à trois SMIC/UMO.
L’achat de la mélangeuse en 2016 a, quant à lui, permis d’améliorer le poids de carcasse des animaux. « La mélangeuse, c’est une économie de temps pour nous et un gain d’ingestion pour les animaux. » Et, pour démarrer la phase de pré engraissement plus rapidement, les éleveurs ont choisi de donner aux veaux une alimentation à base de fourrages et d’enrubannage de luzerne et de maïs ce qui permet aux animaux d’avoir un état au sevrage plus avancé et passer rapidement à l’ensilage. Pour François et Nicolas, « cette technique permet de gagner du temps, avec des animaux qui partent plus rapidement. »
Climat et revenu, tout est lié
En 2021, le Gaec Bournigal s’est engagé dans une démarche climat CAP2ER. « C’est un outil qui est très complémentaire de l’outil coûts de production car il met en lien l’économie et l’environnement. » La diminution des animaux improductifs a été améliorée par la conduite des jeunes bovins après sevrage, un âge au premier vêlage plus jeune, et la conduite sanitaire. L’autonomie alimentaire a été améliorée grâce aux légumineuses et protéagineux implantées, l’utilisation d’ensilage d’herbe précoce, l’augmentation du pâturage et une ration qui correspond réellement aux besoins des animaux. Les coûts de mécanisation ont été maîtrisés en simplifiant le travail, en diminuant l’implantation via des légumineuses, et une diminution des fourrages récoltés. « Lorsqu’on travaille ces trois piliers, on va pouvoir augmenter nos produits tout en diminuant les charges, et augmenter le stockage de carbone et diminuer la production de gaz à effet de serre. Le produit bovin viande vide, le facteur de dilution, va également augmenter. »
Une même base alimentaire pour tous les bovins ?
Afin de maîtriser les coûts d’alimentation, le Gaec Bournigal a fait le choix d'utiliser la même ration pour les vaches au pré-engraissement que pour les jeunes bovins. La ration distribuée au pré engraissement, composée de foin de luzerne, ensilage de maïs, mélange azoté JB, lupin bleu, maïs grain et blé, a un coût alimentaire journalier de 3,16 € au Gaec Bournigal, comparé à une ration dite traditionnelle avec foin, ensilage de maïs, blé et des aliments 25% MAT du commerce qui est à 3,7 €. D’après Philippe Bremaud, technicien chez Bovin Croissance, « il faut surtout regarder la valeur azotée de la ration. La ration du Gaec Bournigal a un taux de 97 PDIN/UF et la traditionnelle un taux de 113 PDIN/UF. Or, on va rechercher des rations autour de 100 PDIN/UF en moyenne, donc la ration traditionnelle est trop riche.» Une ration composée d’enrubannage de luzerne, de méteil seigle/trèfle/vesce, ensilage de maïs et blé peut également être une alternative avec un coût journalier de 2,62 et un taux de 95% PDIN/UF.
En phase de finition, la ration des vaches de réforme est composée de 19 kg de la ration JB à laquelle on ajoute 2 kg de mash SP embouche à 17,6% de MAT pour un coût journalier de 3,53 €. « C’est la plus économique. On a fait une simulation avec une ration composée de 1 kg de foin moyen, 7,5 kg d’ensilage de maïs produit sur l’exploitation et 10 kg du même mash SP embouche, qui a un prix journalier de 4,69 € », expose le conseiller.
Le poids de carcasse correspond-il au revenu ?
Avoir des animaux à 520 kg de carcasse mais avec un âge au premier vêlage vers 30 mois permet un capital et une génétique plus rapides avec un besoin en fourrage et concentrés moins important que pour des animaux ayant un poids de carcasse de 580 kg et un âge au premier vêlage entre 36 et 38 mois. La pression en bâtiment est également moins forte et le vêlage des génisses plus facile. En revanche, la demande locale est plus axée sur des animaux plus lourds, et la double période de vêlage ainsi que la conduite des génisses peuvent devenir plus compliquées et techniques. Philippe Bremaud conclut que « pour garantir ses revenus, il faut optimiser le temps de présence des animaux sur l’élevage, chercher de l’autonomie alimentaire en énergie, azote et aliment de finition, avoir un bon niveau génétique et équilibrer les rations aux besoins des animaux. Le revenu sur une vache n’est pas lié à son poids de carcasse multiplié par le prix de vente, mais à combien elle va me coûter à engraisser. »