La récolte des orges de printemps brassicoles va générer d'importants écarts de revenus

L’orge de printemps a bénéficié de l’évolution favorable des marchés agricoles puisque le prix a doublé entre juillet 2021 et ce jour, comme l’indique l’évolution du prix de l’orge de printemps Planette  FOB Moselle présentée ci-dessous :

L’orge de printemps brassicole est présente dans plusieurs régions agricoles ayant des potentiels très différents.  

• Dans les zones intermédiaires du Grand Est, de la Bourgogne et de la région Centre, où le potentiel se situe entre 4 et 6 t par ha selon les exploitations. La sécheresse du printemps a particulièrement marqué les rendements cette année. Les rendements décrochent et n’atteignent parfois que 2.5 à 3 t par Ha. Parallèlement le taux de protéine battent « malheureusement » des records avec des taux de 13, voire plus de 14 points. Ils se situent au-dessus des normes de brasserie (11.5). Cela va entrainer des réfactions sur le prix de vente.
• Dans les zones du Bassin parisien, de la Beauce et de la Champagne crayeuse où la moyenne des rendements se situe autour de 7 t / ha, voire plus sur certaines exploitions. Les premiers échos indiquent que les rendements 2022 se situeraient dans les moyennes (+/- 5 q/ha) , avec des taux de protéine « plus conformes aux normes »

Dans l’attente des résultats définitifs de chaque région, nous présentons ci-après 3 situations d’agriculteurs pour illustrer la très grande hétérogénéité des revenus attendus au titre de la récolte 2022. Nous avons retenu les hypothèses suivantes pour les 3 agriculteurs produisant de l’orge de printemps brassicole :

• Seuils de commercialisation de 250 €/t (net des aides PAC, rémunération du travail de l’exploitant comprise)
• Valorisation de la récolte de 340 €/t (moyenne des cotations - Planet FOB Moselle - hebdomadaires entre le 1er janvier 2022 et ce jour, de laquelle on a déduit 25 € de base). Une décote sera appliquée selon les taux de protéine constatés et les barèmes de réfaction que les organismes stockeurs sont en train de mettre à jour.

Les hypothèses retenues et les rendements constatés permettent d’approcher l’excédent de trésorerie constaté à l’ha pour la culture de l’orge de printemps brassicole après rémunération du travail de l’agriculteur. Les résultats issus des hypothèses traduisent une amplitude entre les exploitations qui peut atteindre 1000 €/ha selon les situations, soit 25 000 € sur une exploitation produisant 25 ha d’orge de printemps brassicole. Des décisions de gestion et de commercialisation pourront par ailleurs atténuer ou amplifier ces écarts liés aux rendements réalisés.

Damien : Orge de printemps 2022 : 2,5 t/ha  

Soit 2 t de moins que la moyenne de ses rendements depuis 10 ans : 4.5 t par Ha

Avec un taux de protéine supérieur aux normes brassicoles

Les hypothèses retenues traduisent un chiffre d’affaires de 765 € par ha. Il est doublement pénalisé par la perte de rendement et les réfactions attendues sur le prix de vente (10 % retenues pour cette situation) du fait du taux de protéine. Il en découle une perte annuelle de près de 235 € par ha puisque les dépenses engagées s’établissent à 1 000 € par ha. Ainsi l’objectif fixé lors de l’implantation de cette culture n’est pas atteint car le résultat est négatif, ce qui ne permet pas de rémunérer le travail de Damien.

Thierry : Orge de printemps 2022 : 6 t/ha

Soit 1 tonne de moins que la moyenne de ses rendements depuis 10 ans

Le potentiel agronomique de l’exploitation de Thierry a limité la baisse des rendements liée à la sécheresse du printemps. Le chiffre d’affaires attendu devrait dépasser 2000 €/ha et permettre d’obtenir un excédent de trésorerie de près de 300 € /ha, (si le prix de vente n’est pas diminué du fait du taux de protéine dépassant les normes).

François 2022 : Orge de printemps 2022 : 7.5 t/ha

Soit 5 q/ha au-dessus des moyennes des rendements réalisés depuis 10 ans

L’exploitation de François a bénéficié des orages du printemps « aux bons moments » ce qui a permis d’obtenir un rendement supérieur aux moyennes. Le chiffre d’affaires de François est « dopé » par la combinaison du rendement obtenu et du niveau actuel des cours.  L’excédent annuel pourrait ainsi atteindre près de 850 €/ha, voire plus de 1 000 €/ha selon les décisions de commercialisation prises.

Nous vous donnons RDV dans quelques jours pour présenter le revenu des exploitations agricoles françaises en intégrant l’ensemble des cultures présentes dans l’assolement. Une certitude : les résultats attachés à la récolte 2022 seront très hétérogènes d’une région agricole à l’autre.

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