La septoriose plus forte que les gènes de résistance du blé

Un consortium comptant notamment l’INRAE et Florimond-Desprez a identifié un gène de résistance à la septoriose très prometteur. Le champignon n’a cependant pas tardé à le contourner, avec une virulence étonnante. La recherche n’abdique pas pour autant.

Stb16q : c’est le nom du gène de résistance à la septoriose (Zymoseptoria tritici) identifié et caractérisé par une équipe de chercheurs de l'INRAE, de l’Université de Wageningen (Pays-Bas), et de l’USDA (Département de l’Agriculture des Etats-Unis). Il s’agit d’une découverte prometteuse à plusieurs titres. Le gène présente un spectre large de résistance aux populations de champions. Il permet de stopper la croissance du champignon dès le début de l’infection, au moment où il pénètre dans le tissu végétal. Enfin, sur un criblage de 805 variétés de blé sauvage et cultivées à travers le monde, il n’a été répertorié que dans six variétés, limitant ainsi les risques d’apparition de souches résistantes.

Las, l’étude n’était pas parue dans la revue Nature Communications que la réalité rattrapait le gène. « Malheureusement, ce gène a déjà été contourné sur le territoire français et des souches virulentes sont donc déjà présentes, indique Cyrille Saintenac, chercheur à l’INRAE. Ce gène a été introduit dans la variété Cellule, l’une des plus cultivées en France ces dernières années, ce qui a vraisemblablement conduit au contournement de Stb16q. Depuis il est également présent dans d’autres variétés françaises. L’utilisation d’un gène majeur de résistance unique dans une variété conduit dans la grande majorité des cas à son contournement si celle-ci est présente sur de grandes surfaces ».

Rotation variétale

En 2018, la même équipe de recherche, qui travaille sur le sujet depuis 2012, avait caractérisé un autre gène de résistance (Stb6). A ce jour, 21 gènes de résistance à la septoriose ont été identifiés en blé tendre, un nombre relativement réduit qui limite la sélection de plantes durablement résistantes vis-à-vis de ce champignon.

« Le gène Stb16q présente toujours un intérêt important car il confère une résistance contre une grande majorité des individus de la population de Zymoseptoria en France, poursuit le chercheur. Il est ainsi intéressant de le maintenir mais en combinaison avec d’autres gènes et locus de caractères quantitatifs (QTL). Les préconisations pour éviter ou retarder le phénomène sont l’utilisation de gènes majeurs en combinaison avec d’autres gènes de résistances, en pyramidage mais également des solutions à l’échelle des parcelles comme  la rotation plus rapide des variétés pour éviter d’utiliser toujours la même génétique de la résistance ou encore les mélanges variétaux ».

De son côté, l’équipe de recherche poursuit ses travaux pour comprendre comment la virulence vis-à-vis de Stb16q est apparue chez le champignon sur le territoire français, comment elle se diffuse et quelles sont les solutions pour lutter contre cette nouvelle virulence.