Le biocontrôle permet de réduire l’usage du cuivre en vigne

L’Institut français de la vigne et du vin dispose de retours d’essai et d’expériences probants. La réduction des doses de cuivre est porteuse d’enjeux pour l’environnement et la vinification, en bio mais pas seulement, compte tenu du retrait de molécules telles que le mancozèbe. Les OAD sont aussi à la manœuvre, en attendant les cépages résistants.

Le cuivre a-t-il trouvé son remplaçant pour lutter contre le mildiou de la vigne en bio ? « Non », répond  Nicolas Aveline, ingénieur à l’IFV Bordeaux-Aquitaine, à l’occasion d’une conférence en ligne du Vinitech-Sifel Virtual. « En revanche, des associations avec des produits de biocontrôle, couplées à des outils d’aide à la décision, permettent d’envisager une réduction des doses ».

En 2019, la dose de cuivre maximale autorisée est passée de 6 kg/ha/an à 4 kg/ha/an. Si cette dose permet peu ou prou de juguler le mildiou les années à forte pression, l’objectif reste d’en réduire l'usage au maximum, eu égards aux impacts du métal sur les oiseaux, les mammifères, les organismes aquatiques ou encore les macro-organismes tels que les vers de terre.

"Le nombre de passages a été réduit de 10 à 7 et les IFT de 7,5 à 4"

« En 2018, en Costières de Nîmes, en présence d’un témoin non traité touché à 98%, l’association de cuivre et d’huile essentielle d’orange douce a permis de réduire la dose à 3 kg/ha/an, soit 45 % de moins que celle mise en œuvre par le viticulteur, pour une efficacité finale et identique de 94% », explique Audrey Petit, ingénieure à l’IFV Occitanie. « Le nombre de passages a été réduit de 10 à 7 et les IFT de 7,5 à 4. A Gaillac, en 2020, en présence d’un témoin non traité touché à 34%, l’association cuivre + huile a permis de réduire la dose de cuivre de 40% à 1,7 kg/ha/an, pour une même efficacité de 97%. Le nombre de passages a été réduit de 8 à 5 et les IFT de 3,3 à 2,1 ».

DéciTrait, OptiDose, OptiCuivre

Pour obtenir ces résultats, l’IFV a mobilisé un outil de modélisation du risque épidémiologique, à savoir Decitrait, et l’outil de modulation des doses OptiDose, qui permet d’ajuster la dose appliquée au volume de végétation en présence. S’agissant du cuivre en particulier, l’IFV a développé en prime l’outil OptiCuivre, qui permet de prendre en compte deux paramètres supplémentaires que sont la vigueur de la pousse et le cumul de pluie entre deux traitements.

« OptiCuivre permet d’évaluer la dose résiduelle de cuivre depuis le dernier traitement et de la soustraire à la dose calculée par DeciTrait pour le traitement suivant », explique Nicolas Aveline, ingénieur à l’IFV Bordeaux-Aquitaine. « Dans certaines situations, OptiCuivre permet de faire l’impasse sur deux ou trois traitements ».

Les efforts de recherche en matière de biocontrôle devraient donner du poids à cette stratégie dans les années à venir. Outre les outils d’aide à la décision et les produits de biocontrôle, l’IFV teste par ailleurs des méthodes physiques telles que les flashs d’UV ou encore les filets de protection destinés à prévenir les contaminations, deux perspectives qui restent encore à documenter.

"Le cuivre a des impacts sur le temps de latence en fermentation spontanée"

La réduction de l’usage du cuivre ne sert pas seulement des objectifs environnementaux. Elle a aussi des incidences sur la vinification. « Le débourbage et la fermentation alcoolique ont pour effet d’éliminer entre 80 et 90% des résidus de cuivre », indique Audrey Petit. « Si le cuivre n’a aucune incidence sur les fermentations avec levurage, il a en revanche des impacts sur le temps de latence en fermentation spontanée. Il réduit par ailleurs la concentration en composés volatiles que sont les thiols, en blanc et en rosé mais il n’a pas d’action sur les esters et les acétates. La macération pelliculaire permet de diminuer la présence de cuivre dans les moûts ».

En attendant les cépages résistants

Le travail mené sur les pistes de réduction d’usage du cuivre dépasse la seule agriculture biologique (et la vigne) car le panel de produits de synthèse homologués contre le mildiou ne cesse de se réduire. En 2021, le mancozèbe va disparaître du catalogue tandis que deux autres molécules que sont le folpel et le métirame, en cours de réévaluation, sont sur la sellette.

Dans l’état actuel des connaissances et des solutions, seule l’adoption de cépages résistants apparaît comme le véritable substitut au cuivre. Mais cette perspective, si elle est prometteuse, réclamera de très nombreuses années avant d’être représentative. Le cuivre est depuis plus de 130 ans (1886) une matière active dont l’efficacité contre le mildiou de la vigne n’a jamais été prise en défaut.