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L’écotoxicité du cuivre dans les sols viticoles à l’épreuve de la phytoextraction
Deux projets de recherche tentent de jauger la capacité de couverts végétaux à piéger le cuivre s’accumulant dans les sols viticoles, avec des résultats mitigés, susceptibles au mieux de contenir les apports annuels.
Le cuivre est depuis plus de 130 ans (1886) une matière active dont l’efficacité contre le mildiou de la vigne n’a jamais été prise en défaut. Il est en outre le pilier de la lutte en agriculture biologique. Problème : la virulence du mildiou ne faiblit pas et les méthodes alternatives, relevant de la génétique avec les variétés résistantes, des produits de biocontrôle ou des méthodes physiques, telles que les rayons UV-C d’UV Boosting, demeurent quantitativement restreintes.
La répétition des applications génère une accumulation du métal dans les sols, préjudiciable à leur qualité biologique, à telle enseigne que la dose maximale autorisée est passée de 6 à 4 kg/ha/an en 2019 (l’AMM court jusqu’au 31 décembre 2025), avec lissage sur 7 ans mais dans la limite de 6 kg/ha/an. Pour réduire sinon contenir la concentration de cuivre dans les sols viticole, deux projets de recherche explorent la voie de la phytoextraction, consistant à cultiver entre les rangs des plantes potentiellement extractrices, avant d’être exportées en valorisées par exemple en alimentation animale.
Projet Vitalicuivre
Dans le Val de Loire, le projet Vitalicuivre est portée par l’Université de Nantes UMR LPG, en partenariat avec l’IFV, le BRGM, pour l’étude des sols, et Wisium, spécialiste de l’alimentation animale. Lancé en 2021, il consiste à jauger la capacité extractrice de couverts inter-rangs à base d’avoine, de chicorée, de moutarde brune, de ray-grass et de sarrasin. Selon l’IFV, la chicorée est ressortie du lot, par sa capacité à fixer le cuivre dans ses racines et son feuillage. Mais les capacités d’extraction sont extrêmement faibles, de l’ordre de 1 à 2%, en raison de la faible production de biomasse inhérente à un itinéraire sans apport ni d’eau ni d’engrais. La biomasse en question est susceptible d’être valorisée en circuit court en tant que fourrage distribué à des bovins.
Projet Extracuivre
Dans le bordelais, le projet extracuivre conduit par l’INRAE avec le soutien financier du CIVB, c’est le trèfle incarnat qui est ressorti le plus intéressant parmi toute une kyrielle de plantes telles que le pélargonium, le pourpier ou le sédum, réputées accumulatrices, et des plantes qui produisent beaucoup de biomasse comme le tournesol. Mais les performances sont toutes relatives. Dans le meilleur des cas c’est-à-dire en générant un rendement de 5 t/ha/an de matière sèche de trèfle et accumulation de 60 mg de cuivre par kilo de matière sèche, l’extraction annuelle s’élève à 300 g de cuivre par hectare et par an, loin de la dose maximale et annuelle de 4 kg.