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Le financement, dernière inconnue ou presque de la vaccination contre l’Influenza aviaire
La vaccination obligatoire des élevages commerciaux de canards devrait démarrer le 1er octobre prochain et concerner 40 millions d’animaux, à raison de deux doses, assortie d’un dispositif de traçabilité et de surveillance post-vaccinale, pour un coût total minimal de 70 millions d’euros, dont une partie à la charge des éleveurs.
Après un épisode 2022/2023 d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) paroxystique qui a engendré l’abattage de 22 millions de volailles et des indemnisations à hauteur d’un milliard d’euros, faisant peser une menace existentielle pour l’ensemble des filières volailles du fait de la contagion d’élevages reproducteurs, le ministère de l’Agriculture avait présenté le 22 décembre dernier les tenants et les aboutissants d’une stratégie vaccinale, encore très hypothétique.
Six mois plus tard, de nombreux verrous ont été levés, notamment institutionnels. En février, la Commission européenne adoptait un règlement délégué ouvrant la voie à la vaccination au sein des pays membres. En mai, l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) invitait ses 182 pays membres à envisager la vaccination comme un outil complémentaire au contrôle de la maladie, sans porter entrave aux échanges commerciaux.
Entre-temps, l’Anses révélait les résultats d’essai « très positifs » de deux candidats vaccins (Boehringer et Ceva) sur les canards tandis que le ministère lançait un appel d’offres pour obtenir 80 millions de doses et que l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) délivrait des autorisations temporaires d’utilisation (ATU) à cinq vaccins vétérinaires efficaces contre la souche circulante d’IAHP, dont trois concernant l’espèce canard, Zoetis, s’ajoutant à Boehringer et Ceva.
« La France sera le premier pays à vacciner à l’automne 2023, même si des obstacles restent encore à lever », avance prudemment le ministère de l’Agriculture, évoquant notamment la capacité des industriels à fournir les vaccins et aspects logistiques liés au transport des doses et au respect des conditions de leur conservation.
Le début de la campagne vaccinale est prévu le 1er octobre prochain et devrait concerner les élevages commerciaux de canards sur tout le territoire pendant la période hivernale, soit un effectif prévisionnel de 40 millions d’animaux, un scénario qualifié de « minimal »
Les deux doses successives seront administrées par des équipes de vaccinateurs. « Une stratégie de surveillance sera mise en œuvre par l’éleveur, à un rythme hebdomadaire mais aussi par le vétérinaire sous le contrôle officiel de l’Etat pour vérifier à intervalles réguliers que les animaux ne sont pas contaminés », indique le ministère qui fait part également d’un « dispositif de traçabilité et de remontée d’information pour assurer la crédibilité vis-à-vis des pays tiers vers qui on va exporter ».
Stratégie définitive d’ici à la mi-juillet
Le schéma de financement de la vaccination est un autre verrou à lever. Le chiffre de 70 millions d’euros, évoqué dans la presse, n’est pas démenti par le ministère dans le cadre du scénario « minimal ». « Les professionnels devront prendre en charge une partie du coût de la vaccination et tous les professionnels sont appelés à contribuer au financement de la vaccination puisque les éleveurs de canards qui vaccinent leur cheptel protègent les autres filières », indique la rue de Varenne. S’agissant de la contribution de l’Etat, le ministère affirme être « en phase de discussion interministérielle dans le cadre du Projet de loi de finances 2024, qui englobe la vaccination et le coût de la crise 2022/2023 ». En date du 28 juin, on recense 400 foyers et 10 millions d’animaux abattus depuis le 1er août 2022.
Le ministère espère un tir groupé d’annonces « vers la mi-juillet » concernant le schéma de financement, les résultats des appels d’offres auprès des fournisseurs de vaccins et la validation du scénario définitif de vaccination.
Quels sont les résultats escomptés de la vaccination ? « Si le virus est dans l’environnement, on n’échappera pas à de nouveaux foyers en 2023-2024 », indique le ministère. « L’enjeu, c’est d’éviter une flambée de 300 foyers en trois semaines » et de se limiter à « quelques foyers par-ci par-là sans que cela ne soit un enjeu de santé animale et de santé publique ».
Pour le ministère, la vaccination se place en « complément » de la biosécurité et de la réduction des densités, ce volet faisant l’objet de « discussions » avec les professionnels.