A la veille de l’hiver, la France indemne d’Influenza aviaire

La France a recouvré son statut de pays indemne d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), une situation inédite en période de risque élevé, résultant de la surveillance épidémiologique du virus, des mesures de biosécurité et de la stratégie vaccinale inaugurée en 2023.

La France et ses filières avicoles en ont-elles fini avec les épidémies récurrentes et massives d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), qui ont décimé au cours des cinq campagnes passées des dizaines de millions de canards et de volailles, généré plus de 2 milliards d’euros d’indemnisations, traumatisé des milliers d’éleveurs et fait courir un risque existentiel aux filières œuf, poulet de chair et foie gras, sous l’effet la contamination des couvoirs et des élevages de reproducteurs ? La réponse par l’affirmative est sans doute prématurée, eu égard aux précautions d’usage pour ce qui relève du vivant. Mais pour la deuxième année consécutive, le fait est que l’épidémie est extrêmement circonscrite, avec « seulement » douze foyers en élevage recensés depuis le 1er août dernier.

Or ces dernières années, le mois de décembre, sinon janvier, constituait un point de bascule épidémique, sous l’effet des migrations d’oiseaux et de la baisse des températures. Mais pas en 2023 et en 2024, à telle enseigne que la France s’est déclarée le 17 décembre indemne d‘IAHP auprès de l’OMSA. C’est l’absence de nouveaux foyers depuis plus d’un mois qui vaut cette classification, à laquelle s’ajoute la levée de la surveillance des deux derniers sites infectés, respectivement le 15 décembre dans les Landes, et le 16 décembre dans l’Allier. Pour autant, le niveau de risque épizootique d'IAHP a « élevé » sur l'ensemble du territoire métropolitain, comme décrété le 9 novembre dernier.

Diplomatie sanitaire

Pour mémoire, la campagne 2023-2024 s’était achevée sur un décompte de 10 foyers, après les 400 de 2022-2023 et les 1400 de 2012-2022, générant l’abattage, pour l’essentiel préventif, de plusieurs millions de canards et volailles. Entre ces deux phases de haute et basse intensité, outre le renforcement de la surveillance épidémiologique et des mesures de biosécurité, la vaccination s’est invitée dans l’itinéraire de production des élevages de canards, espèce la plus sensible au virus. « La surveillance, la biosécurité et la vaccination sont des piliers complémentaires de la prévention contre l’IAHP », indique le ministère de l’Agriculture dans un communiqué.

C’est en janvier 2022 que Julien Denormandie, alors ministre de l’Agriculture, ouvre le chantier de la vaccination des volailles, en décrétant une expérimentation et en déployant des efforts de diplomatie sanitaire, à l’intérieur de l’UE et au sein de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), dans le but de présenter toutes les garanties sanitaires à nos partenaires communautaires et commerciaux. Quelques mois plus tard, l’expérimentation s’avèrerait concluante tandis que l’OMSA validait les protocoles et garanties présentés par les autorités sanitaires françaises.

Des cas humains aux Etats-Unis

Outre la préservation des animaux et des filières, la vaccination a aussi pour effet de faire baisser la pression et la circulation virale dans l’environnement et par là-même le risque de transmission à l’homme. « Vacciner les volailles les plus exposées permettra également de limiter la multiplication du virus et le risque de mutation pour éviter qu’il s’adapte aux mammifères et aux humains », indiquait au printemps 2023 l’Anses lors de la présentation de la stratégie vaccinale anti-IAHP.

Aux Etats-Unis, depuis le printemps dernier, des centaines d’élevages laitiers américains sont aux prises à des cas de contamination des troupeaux, notamment en Californie, avec des cas d’infection humaine, mais sans transmission interhumaine à ce stade. Selon des recherches publiées le 12 décembre dans la revue Science, la version de la grippe aviaire infectant les vaches américaines n'est plus qu'à une mutation d'une propagation plus aisée parmi les humains.

En France, depuis 2022, la MSA recommande aux professionnels des filières aviaires et porcines de se faire vacciner contre la grippe saisonnière.