« Le porc non castré, c’est mieux pour l'animal et pour moi, salarié »

Frédéric Marquis travaille dans un élevage naisseur-engraisseur d’Ille-et-Vilaine. Il est convaincu que les efforts réalisés en matière de bien-être animal vont finir par payer, jusqu'à changer l’image de l’élevage de porcs.

« Castrer entre 300 et 400 porcelets par jour, à la fin de la journée ça fait mal au dos ». Cette tâche appartient désormais au passé pour Frédéric Marquis. L’homme est depuis bientôt quinze ans salarié à la SCEA de la Ville Houée, une exploitation comptant notamment un élevage naisseur-engraisseur de 600 truies, situé à Iffendic (Ille-et-Vilaine). L’exploitation livre ses porcs à la Cooperl, dont les trois quarts des adhérents ne pratiquent pas la castration.

Frédéric Marquis a connu l’avant et l’après-castration à vif des porcelets. Il ne reviendrait pas en arrière, et pas seulement pour son propre confort de travail. « La castration était synonyme de douleur pour les porcelets, qui pouvaient rester dans un coin pendant plusieurs heures après l’opération ».

"Si on est éleveur, c’est qu’on aime les animaux et il faut trouver et mettre en œuvre les moyens de ne pas les faire souffrir"

Frédéric Marquis n’est pas opposé aux techniques alternatives à la castration à vif, y compris celles recourant à des produits analgésiques et anesthésiants, dont les modalités de mise en œuvre seront prochainement précisées par le ministère de l’Agriculture. « Si ces techniques permettent de supprimer la douleur, ça sera très bien. Si on est éleveur, c’est qu’on aime les animaux et il faut trouver et mettre en œuvre les moyens de ne pas les faire souffrir ». Frédéric Marquis reconnait que l’élevage de mâles entiers génère des chevauchements, engendrant parfois la casse du bassin. « Mais c’est très très rare ».

Changer l’image de l’élevage

Malgré l’arrêt de la castration, le métier réserve encore d’autres sources de pénibilité, dont le nettoyage haute pression. « Il existe des robots de lavage », une remarque innocente dénuée de tout appel du pied à son patron. Au Space, il s’attarde sur les grandes cases maternité, un investissement en cours sur l’exploitation. « C’est un vrai bénéfice pour les truies, juge-t-il, tout comme le fait de réserver plus d’espace aux gestantes inséminées ».

A 52 ans, Frédéric Marquis s’imagine terminer sa carrière dans cette exploitation, « si le corps tient », prend-il soin de préciser. Il travaille 39 heures par semaine et un week-end sur quatre, mais uniquement les matinées dans ce cas. « On est bien organisé pour ne pas faire d’heures supplémentaires, sauf souci technique ». Frédéric Marquis se dit satisfait de son salaire. « Dans le porc, on n’est pas trop mal payé par rapport à d’autres secteurs agricoles. Mais il faut dire que c’est difficile de trouver des salariés ».

"Personne ne fait la publicité des efforts que nous faisons"

Il estime que les efforts réalisés en faveur du bien-être animal sont de nature à changer le regard de la société sur l’élevage de cochons. « Je suis optimiste mais encore faudrait-il faire savoir à nos concitoyens ce que nous faisons. Personne ne fait notre publicité », tranche-t-il. Sans scalpel.