Les alternatives à la castration à vif dans l’attente des instructions ministérielles

En dehors de la production de mâles entiers, les alternatives que sont l’immunocastration et la castration sous analgésie et anesthésie réclament des compétences, du temps, des achats de consommables et des matériels dédiés. L’Ifip propose un simulateur économique en ligne.

Le 1er janvier prochain, la castration à vif des porcelets sera interdite, conformément à l’arrêté du 24 février 2020. « Au plan européen, les prémices de projet remontent à 2010, avec la déclaration de Bruxelles », a rappelé Valérie Courboulay, spécialiste du bien-être animal à l’Ifip, à l’occasion d’une Matinale au Space.

La première des substitutions consiste à produire des mâles entiers, sous réserve que l’abatteur, le transformateur ou encore le cahier des charges (Label rouge...) acceptent ce mode de production. « Son principal inconvénient réside dans le risque d’odeur des carcasses, souligne Valérie Courboulay. Cette problématique se trouve à la croisée de multiples facteurs tels que les surfaces par animal, l’alimentation, la santé digestive, la génétique, l’environnement physique ou encore l’âge d’abattage ». Les mâles entiers génèrent d’autres inconvénients tels que les chevauchements et le comportement des animaux. Côté bénéfices, la production de mâles entiers s’accompagne d’une meilleure efficience alimentaire, d’une diminution des déjections et d’une amélioration du taux de muscle.

"Une récente étude européenne a démontré que l’immunocastration était bien acceptée par les consommateurs"

L’immunocastration consiste à injecter à deux reprises (voire trois) des analogues de l’hormone GnRH ayant pour effet d’arrêter sinon de réduire la croissance des testicules et de bloquer la production de stéroïdes à l’origine des odeurs de verrat. « L’immunocastration est une méthode qui fonctionne bien, avec une réduction très importante du risque d’odeur, déclare Valérie Courboulay. Il faut cependant être en capacité de détecter les animaux mal vaccinés avant leur départ à l’abattoir. Les points de vigilance se situent du côté des risques liés aux injections et des risques d’agression en fin d’engraissement. Les incidences alimentaires et environnementales, ainsi que sur le gras, se situent à mi-chemin entre les mâles entiers et la castration. Une récente étude européenne a démontré que l’immunocastration était bien acceptée par les consommateurs ».

Dans l’attente des instructions ministérielles

La dernière alternative consiste à produire des mâles castrés, moyennant la prise en charge de la douleur via l’administration de produits analgésiques et anesthésiant. « La pratique génère un avantage qualitatif pour les différentes filières de transformation, souligne Valérie Courboulay. Elle permet d’éviter les problèmes de chevauchement et d’agression. Si l’anesthésie générale permet d’abolir complètement la douleur, quelques indicateurs ne répondent pas à l’analgésie et à l’anesthésie locale ».

Le cadre réglementaire de ces alternatives doit encore être précisé par le ministère de l’Agriculture car la pratique implique des besoins de formation des éleveurs et de leurs salariés et le recours à des molécules dont certaines n’ont pas à cette heure d’autorisation de mise sur le marché en France. Des équipements dédiés à la contention dans le cadre d’une anesthésie locale ou spécifique dans le cadre d’une anesthésie générale sont requis, ajoutant aux surcoûts déjà induits par le temps de travail.

Au-delà de ces nouvelles contraintes s’imposant aux éleveurs, toute la question est de savoir si les surcoûts, estimés entre 10 et 15 euros par porc fini, seront pris en charge par l’aval, avec ou sans formalisation dans un contrat.

En Europe, l’anesthésie locale est pratiquée en Norvège par les vétérinaires et par les éleveurs en Suède (depuis 2016) et au Danemark (depuis 2019). L’anesthésie générale est pratiquée au Pays-Bas à partir de CO2 et en Suisse et en Allemagne au moyen d’un mélange air-gaz (isoflurane).