Le poulet standard au défi de l’ECC

Une analyse de FranceAgriMer pointe le risque de décrochage de la filière standard dans la perspective du cahier des charges de l’Europeen chicken commitment (ECC) à l’horizon 2026. L’établissement formule plusieurs recommandations.

« La perspective de développement de la demande des grandes entreprises de transformation, restauration ou distribution pour des viandes issues d’animaux élevés selon le cahier des charges de l’European chicken commitment pourrait mettre la filière française dans une situation plus délicate ». Tel est l’avertissement lancé par FranceAgriMer dans une étude commanditée à AND International et analysant les flux d’importation de volaille en France et relative à l’année 2019.

L’European chicken commitment (ECC) est une initiative lancée en 2017 par une trentaine d’ONG européennes de protection animale, exigeant des entreprises agroalimentaires de nouveaux standards d’élevage et d’abattage des poulets de de chair (souches lentes, densité plus faible, lumière naturelle, perchoirs, substrat de picage, qualité de l’air...). En France, les principaux distributeurs se sont engagés à respecter l’ECC d’ici à 2026 pour leurs marques de distributeur contenant plus de 50% de poulet.

Une adaptabilité plus lente et plus complexe en France

Le respect de l’ECC va nécessiter la création de nouveaux bâtiments d’élevage, un « processus lent et complexe en France, plus simple et plus rapide dans d’autres États membres ». Le renchérissment des coûts de production pourrait altérer la demande de viande de poulet, au détriment des acteurs les moins compétitifs sur les prix, autrement dit sur la France. En effet, selon FranceAgriMer, les écarts de prix vis-à-vis de l’offre française varient entre 0% et -12% pour l’Allemagne, -10% à -15% pour les Pays-Bas, -10% à -20% pour la Belgique, -20% à -30% pour la Pologne et -30% à -40% pour le Brésil.

Il faut dire que la capacité moyenne des ateliers poulets de chair de 1 000 places et plus est de 16 700 têtes en France (chiffres 2013), contre 38 800 têtes en Belgique, 69 800 têtes en Allemagne, 80 400 têtes aux Pays-Bas ou encore 87 700 têtes au Royaume-Uni. La moyenne européenne se situe à 36 500 têtes.

Une poche de résistance en RHD

Entre 2015 et 2019, les importations de viande de poulet ont continué de progresser, avec un taux passant de 35% à 39%. Le taux d’importation de poulet standard est quant à lui passé de 47% à 51%. Le poulet standard représente 76% du marché total de viande de poulet en France en 2019, contre 74,5% en 2015.

FranceAgriMer souligne les efforts réalisés par la filière française, qui se sont fait ressentir dans le secteur de la restauration, qui a vu son taux d’import passer de 67% à 59% entre 2015 et 2019. « Le processus de mise à niveau de la filière standard est en cours mais cela prendra du temps, qui pourrait être mis à profit par nos voisins pour poursuivre leur développement et conquérir des parts de marché », prévient FranceAgriMer.

L’établissement recommande de poursuivre les efforts de compétitivité-prix, d’intensifier la communication sur la filière française du frais (logo « Volaille française »), de poursuivre l’effort sur le segment de la restauration hors domicile, sensible à l’origine ou encore de mettre en place un outil de suivi des fabrications de produits élaborés, en passe de devenir le premier segment de marché de viande de volaille en France.

L’État appelé au secours

L’État est aussi appelé à la rescousse. « Le nouveau défi que constitue l’ECC pourrait détériorer la position des opérateurs hexagonaux, écrit FranceAgriMer. Si le changement s’avère incontournable, un soutien public exceptionnel serait nécessaire pour adapter les outils d’élevage et maintenir le potentiel de production standard. La question de la compétitivité et donc de la faisabilité de la conversion de la filière standard à l’ECC doit être posée ».