Le poulet standard français veut mieux répondre aux attentes sociétales

La filière française de poulets a de nombreux arguments à faire valoir en matière de bonnes pratiques d’élevage. Encore faut-il que le consommateur en prenne conscience, et que l’origine des produits soit réellement identifiable.

Des élevages de 40 000 volailles en moyenne, une baisse de l’utilisation des antibiotiques de 60% en 8 ans, plus de 30% des poulaillers standards équipés de fenêtres permettant aux animaux un accès à la lumière naturelle ou encore 15% de poulets Label rouge élevés en plein air : telles sont quelques-unes des caractéristiques remarquables des élevages français de volaille. Remarquables en comparaison avec nos voisins européens, où la taille des élevages est trois fois plus importante et où l’élevage en plein air ne représente que 5%. Remarquable surtout par rapport aux grands pays producteurs et exportateurs comme le Brésil et l’Ukraine, où la taille des élevages frôle les 2 millions de poulets en moyenne par site.

Revers de la médaille : selon l’Anvol, l’interprofession de la volaille de chair, le prix sortie abattoir d’un filet de poulet est de 2,90 €/kg en Ukraine, quand il est de 4,90 €/kg en France pour le poulet standard et de 12,30 €/kg pour un poulet Label Rouge.

Des poulets haut standard

Ces spécificités des élevages français résultent à la fois de la structure même des exploitations françaises, très majoritairement familiales, mais aussi de la volonté de la filière de répondre aux demandes sociétales en matière de bien-être animal. Alexandre Plu, éleveur à Tennie, dans la Sarthe, produits des poulets pour LDC sous la marque « Oui c’est bon » (Le Gaulois). Le cahier des charges requiert, outre la lumière naturelle dans les poulaillers, une baisse des densités de 15%, la présence de jeux (chaînes, pierres à picorer, ballots de paille) ainsi que la diffusion de musique. « Je suis passé de 30 000 à 25 000 poulets par bâtiment, et j’ai augmenté la surface des fenêtres, un investissement de 25 000 euros par bâtiment », indique l’éleveur. Le prix d’achat des animaux a augmenté pour faire face à la baisse des densités et aux dires de l’éleveur, les poulets présentent un meilleur indice de consommation.

L'un des poulaillers d'Alexandre Plu, qui a investi 25 000 euros par bâtiment pour agrandir les fenêtres (Crédits photo : A. Magnard).

Le cheval de bataille de l'étiquetage

Faire connaître aux consommateurs la réalité des élevages français et les efforts réalisés par les éleveurs est une attente forte de la part de l’interprofession. En grande distribution comme en restauration, l’origine France est d’ailleurs bien perçue comme un argument de vente, et les grosses entreprises de restauration rapide (McDo, KFC…) tendent à s’approvisionner de plus en plus dans l’Hexagone.

Le bât blesse pour la restauration collective, dans laquelle le consommateur n’a quasiment aucune information quant à l’origine de ce qu’il mange et où la majorité du poulet consommé est importé. Cheval de bataille de l’interprofession, la mesure visant à imposer l’étiquetage de l’origine des viandes en restauration hors domicile a été à de multiples reprises promise par le ministre, mais le décret d’application se fait toujours attendre. Actuellement, 46% des poulets consommés en France sont importés, contre 25% en 2000 et 10% en 1990.