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« Le prix du matériel s’enflamme mais pas nous »
Marc Pellerin et Florent Beauvallet, copains depuis le lycée et agriculteurs dans le Loiret, sont venus en voisins à Innov-Agri. Du haut de leurs 33 ans, ils portent un regard hyper lucide sur les enjeux « éco-techno-écolo-climato » de leur début de carrière.
« Je pense qu’il y a un côté spéculatif dans la hausse du prix du matériel et que les constructeurs et les concessionnaires en profitent un peu pour regonfler leurs marges », déclare Marc Pellerin, céréalier à Boynes (Loiret). « Il y a quinze ans, une bineuse, ça ne valait pas grand-chose mais personne n’en achetait. Aujourd’hui tout le monde en veut et les tarifs ont explosé, alors que c’est grosso modo toujours la même machine », renchérit son ami Florent Beauvallet, installé à Manchecourt (Loiret). « Le cas de la bineuse est intéressant, reprend Marc Pellerin. C’est un matériel subventionné mais on peut se demander si la subvention tombe finalement dans la poche de l’acheteur ».
Du haut de leurs 33 ans (et d’une moissonneuse-batteuse X9 au tarif crevant tous les plafonds), les deux jeunes agriculteurs portent un regard sans concession sur le contexte agricole. « Le prix du matériel s’enflamme mais pas nous, déclarent-ils en cœur. D’abord on n’en a pas les moyens, et comparativement à la génération de nos parents, on a une culture économique beaucoup plus poussée. Le matériel reste un outil de travail et il est financé comme tel ».
L’entraide, avant l’investissement
Et ce n’est pas que des paroles. Florent Beauvallet, associé à d’autres membres familiaux sur plusieurs sites, a converti l’un d’eux en bio, sans pour autant investir dans du matériel spécifique. « On a beaucoup développé la mutualisation et s’agissant de la bio, on fonctionne en entraide, déclare-t-il. Mais dans les deux ans à venir, on devrait investir dans une houe rotative pour biner les céréales ». De son côté, Marc Pellerin, associé à son frère, a développé la prestation de service et la diversification. « On produit de la rhubarbe, que l’on transforme et que l’on commercialise en direct, souligne-t-il. On a également le projet de se diversifier dans la pomme ».
Le climat, un gros nuage
Maîtrise des charges, quête de valeur : les deux jeunes sont plutôt confiants quant à l’avenir de leur système d’exploitation, en s’affranchissant de la course à l’agrandissement. Les nuages se situent davantage du côté de la pression environnementale et du changement climatique. « La société avance très vite sur ces sujets et les méfaits du changement climatique sont vertigineux, analyse Marc Pellerin. Mais l’agriculture avance au rythme d’une récolte par an. Il ne faudra se priver d’aucun levier d’adaptation, je pense en particulier à la génétique ». « Sur tous ces sujets, on n’aura pas la solution mais les solutions », devise Florent Beauvallet.