Les agriculteurs méthaniseurs investissent dans le BioGNV

L'Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) projette de créer 100 stations délivrant du BioGNV, autrement dit du biométhane carburant, la version renouvelable du Gaz naturel véhicule (GNV). Une alternative au tout électrique.

Après les réseaux chaleur, la production d’électricité par cogénération et l’injection de biométhane dans les réseaux, l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) envisage de servir un autre besoin énergétique : celui du carburant, et plus précisément le BioGNV. « Les agriculteurs méthaniseurs veulent prendre leur part au développement de la mobilité verte, indique Christophe Leschiera, responsable de la communication de Trame, tête de réseau comptant l’AAMF. Les stations au BioGNV pourront alimenter les véhicules des exploitations mais également les flottes de bus des collectivités territoriales et les véhicules de transporteurs routiers ».

La station BioGNV de Philippe Collin, agriculteur méthaniseur en Haute-Marne (Crédit photo : Trame)
La station BioGNV de Philippe Collin, agriculteur méthaniseur en Haute-Marne (Crédit photo : Trame)

GNV, GNC, GNL et BioGNV

Le BioGNV (ou biométhane carburant) est la version renouvelable du GNV (Gaz naturel véhicule). Contenant 99% de méthane, le BioGNV est issu de l’épuration du biogaz, lequel contient entre 50% et 60% de méthane ainsi que de l’eau et du sulfure d’hydrogène. La même opération prévaut pour pouvoir injecter le biogaz dans le réseau.

A la pompe, le GNV comme le BioGNV peuvent être distribués sous deux formes, à savoir le GNC (gaz naturel comprimé) ou le GNL (gaz naturel liquéfié). Plus condensé et offrant à ce titre plus d’autonomie, le GNL est réservé aux transports lourds et au domaine maritime. A ne confondre avec le GPL (Gaz de pétrole liquéfié), produit à partir de propane et de butane, un gaz lourd, qui reste au sol en cas de fuite et qui est interdit dans les parkings souterrains et dans certains tunnels.

Les motorisations au gaz sont très majoritairement basées sur la technologie dite « à allumage commandé », identique à celle des motorisations essence. La plupart des véhicules lourds ne fonctionne qu’au gaz tandis que les véhicules légers sont à bicarburation gaz ou essence, la bascule entre les deux énergies se faisant automatiquement dès lors que le réservoir de gaz est vide.

Selon l’Association française du gaz naturel véhicules (AFGNV), la France compterait 24 000 véhicules adaptés au GNV, donc au BioGNV), des poids lourds (2,5% de la flotte), des véhicules utilitaires, des bus urbains (12%), des véhicules légers ou encore les bennes à ordures (10%).

Ecologique et circulaire

Toujours selon l’AFGNV, le BioGNV permet de réduire de 80% les émissions de CO2 par rapport au diésel. En 2019, le taux d’incorporation de bioGNV était de 16,5% du GNV distribué en France à partir de stations raccordées au réseau, au nombre d’environ 200.

Les méthaniseurs escomptent développer le maillage avec la mise en place d’une centaine de station à l’horizon 2024. Le détail de ce programme sera dévoilé en juin prochain à l’occasion de l’assemblée générale de l’association. Dans le cadre d’un partenariat avec New Holland, cinq agriculteurs méthaniseurs testeront le T6 Méthane Power dont le constructeur entame la commercialisation.

L’AAMF entend aussi faire entendre le bruit du BioGNV (deux fois moins bruyant que le diesel) auprès des pouvoir publics, pour faire davantage reconnaître ce biocarburant dans la mobilité verte, au tropisme électrique fortement marqué. « Le BioGNV, c’est de l’économie circulaire et des exploitations plus résilientes et plus intégrées dans les territoires », conclut Christophe Leschiera.