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« Les demandes de la société ne doivent pas être portées par le compte d’exploitation de l’éleveur »
Les investissements liés au bien-être animal doivent être supportés par l’ensemble de la filière, jusqu’au consommateur, a martelé le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie lors de sa visite au salon de l’élevage (Space) à Rennes.
« Traiter du bien-être animal, c’est d’abord traiter du bien-être des éleveurs », a déclaré le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie lors de sa visite au salon international des productions animales (Space) le 14 septembre à Rennes. Le bien-être animal était au cœur de la thématique du salon cette année, illustré par les échéances prochaines concernant la castration des porcelets et l’élimination des poussins mâles. « Si l’on veut continuellement améliorer le bien-être dans nos élevages, la première des priorités est d’améliorer le bien-être de nos éleveurs. Et à ce titre, il y a deux éléments très importants qui sont la considération et la rémunération », a dit le ministre.
S’agissant de la considération, Julien Denormandie estime qu’il faut « lutter contre ceux qui pratiquent aujourd’hui des comparaisons nauséabondes, des actions qui consistent à entrer illégalement dans des élevages ou encore ceux qui veulent imposer leur façon de penser ». « S’opposer à tout cela, ce n’est en aucun cas être sur la défensive, mais au contraire être à l’offensive sur ces sujets ».
« Une porcherie de treize étages ou une exploitation de vaches laitières de plus de 10 000 vaches, ce genre d’élevage ne se trouve en aucun cas en France, mais en Chine ou aux Etats-Unis », a illustré le ministre, déplorant que certaines images soient véhiculées sur les réseaux sociaux ou dans les émissions de télévision sans mention de lieu, trompant ainsi le grand public. « Il faut être à l’offensive pour montrer que nos élevages sont des élevages de proximité, de territoire, de qualité », a clamé le ministre.
Un effort collectif à engager dans les filières
« La considération ne doit cependant pas occulter la question de la rémunération, qui est la mère des batailles », a poursuivi Julien Denormandie, affirmant que des « réponses concrètes » seraient données dans la loi Egalim 2, qui sera présentée au Sénat la semaine prochaine, et assumant que la première loi Egalim ait été « insuffisante ».
En outre, « les demandes de la société ne doivent pas être portées par le compte d’exploitation de l’éleveur », a poursuivi le ministre. « Il est logique que le surcoût soit porté par les industriels, la grande distribution et les consommateurs ». A titre d’exemple, Julien Denormandie a insisté sur le fait que le surcoût de la fin de l’élimination des poussins mâles devait « être supporté par le consommateur, qui est le premier à dire qu’il faut arrêter le broyage ». « On parle d’un centime d’euro par œuf ».
Enfin, le ministre a estimé que les questions de bien-être animal devaient être traitées à l’échelle de l’Union européenne (UE) afin de lutter contre la concurrence déloyale. Il a rappelé qu’à l’occasion de la présidence française de l’UE à compter du 1er janvier 2022, sa « priorité » était « la réciprocité dans les échanges commerciaux, c’est-à-dire qu’on impose nos normes aux autres, et on arrête de se faire imposer les normes des autres ».