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Les technologies agrométéorologiques ont-elles changé les pratiques et la vision du métier ?
Valentin Rineau, arboriculteur et maraîcher à Tillières (49), a trouvé la solution pour se faciliter la vie et optimiser ses récoltes : les données agrométéorologiques de pointe ! Grâce aux avancées technologiques, ces informations sont désormais plus précises et plus performantes que jamais. Alertes en temps réel, déclenchement d'aspersion, protection des cultures, tout cela est maintenant géré depuis son smartphone.
Des pommes, des poires, des fraises, des kiwis, une dizaine de légumes bio de saison, un magasin fermier de 300 m2 qui commercialise une grande partie des récoltes : l’exploitation que dirige Valentin Rineau, à Tillières (49), comprend une belle diversité de productions et de métiers. En plus du chef d’exploitation, 8 personnes y sont salariées toute l’année, auxquelles s’ajoutent, en périodes de récoltes, une vingtaine de saisonniers.
Depuis 2021, Valentin Rineau a équipé son exploitation de plusieurs capteurs et sondes de la société Weenat : ces appareils lui fournissent les températures sèches et humides dans ses parcelles, comptabilisent la pluviométrie, mesurent l’humectation des feuilles des arbres et
déterminent la teneur en sol. Toutes ces données sont transmises et présentées sur son smartphone via une application dédiée.
Un achat décidé en groupe technique
« Les capteurs, on y songeait depuis quelques années. Lorsque je me suis décidé, j’ai pris le « pack complet », explique l’agriculteur, qui estime que l’investissement était plutôt abordable. « Les solutions de Weenat nous ont été présentées par notre animateur de groupe de conseil technique. Nous sommes plusieurs arboriculteurs à avoir pris les mêmes équipements ».
En ce printemps 2024, comme lors des trois printemps précédents, Valentin Rineau a donc confié la surveillance des risques de gel à des sondes de températures automatisées et aux modèles météorologiques qui y sont associés. Les cultures qu’il a le plus surveillées : ses fraises en plein champ, et ses actinidias (arbres à kiwi), dont il vient de planter un hectare en 2021.
Alertes gel : dormir un peu plus tranquille
Pour les fraises, le dispositif de lutte contre le gel adopté par Valentin Rineau est assez simple : « On pose des voiles de mariée sur les plants ». Cette protection ne nécessite peu de manutention et peu de frais : la mettre en place de manière préventive ne constitue pas vraiment un problème.
En revanche, la protection du verger de kiwis repose sur une technique plus complexe et coûteuse : l’aspersion. En cas de risque de gel, l’aspersion est déclenchée sur les frondaisons pour enrober les bourgeons d’une gangue de glace protectrice. « Si on n’avait pas de capteurs, on risquerait de la déclencher pour rien. Et si on déclenche une aspersion, c’est aussi le capteur qui nous signale lorsqu’on peut l’arrêter »
Valentin Rineau a donc paramétré les alertes de son application selon ses besoins : « En temps normal, la température est relevée toutes les 15 minutes. Mais à partir de 5°C et en dessous, les relevés se font toutes les 5 minutes. L’application me prévient lorsque les capteurs enregistrent 2°C en température sèche et 3°C en température humide, et quand il y a un risque que cela descende. Ainsi, j’ai le temps de préparer le matériel, de tout mettre en route, pour être prêt à déclencher l’aspersion à 1°C ».
Ce printemps 2024, l’arboriculteur n’a pas eu à déclencher l’aspersion dans son verger d’actinidia. Même s’il a passé quelques nuits sans lâcher son téléphone, il a quand même un peu mieux dormi que s’il n’avait pas eu ses capteurs connectés :« On fait confiance au système ».
Capteurs de température et pluviométrie : optimiser les traitements
En dehors des épisodes critiques de gel, les sondes de températures sont également utilisées pour surveiller l’évolution des conditions météorologiques locales. Couplées à des modèles de prévisions les plus adaptés (Weenat en combine plusieurs), elles permettent de positionner les traitements et les interventions aux meilleurs moments.
Comme toutes les pluies (notamment orageuses) ne peuvent pas être anticipées et quantifiées, les informations fournies par le pluviomètre connecté sont également utiles pour la protection des cultures : « Certains de nos traitements sont lessivables… Si nous enregistrons plusieurs millimètres juste après ce type de traitement, nous savons qu’il va perdre en efficacité et que nous devrons peut-être le refaire ».
Données d’humectation : faire tourner des modèles épidémiologiques
C’est aussi de protection des cultures dont il est question avec le capteur d’humectation dont s’est équipé l’exploitation. Cet outil mesure l’humidité des feuilles en durée et en intensité. Pour l’heure, Valentin Rineau n’a pas encore exploité les données fournies : « On se contente
de les suivre ». Mais lorsqu’elles sont couplées à des logiciels de modélisation, les valeurs d’humectation permettent de prévoir les risques de contamination des fruits par les spores de tavelures et l’arrivée des carpocapses. « On va mettre en place cet outil très prochainement : cela va nous aider à préciser les risques de projection de spores. Si les risques sont faibles, on ne traitera pas ».
Optimiser l’eau d’irrigation
Quatrième type de capteurs présent sur l’exploitation : les sondes capacitives. « Elles nous servent plutôt l’été, sur les pommes et les kiwis, et nous renseignent sur la teneur en eau du sol », décrit l’agriculteur. Enterrées à différentes profondeurs selon les capacités des cultures à explorer les horizons (30 cm pour les kiwis, 60 cm pour les pommes), les sondes transmettent à l’agriculteur des niveaux de vigilance pour la culture : confort, stress modéré, stress intense….
« L’objectif est de déclencher nos arrosages au plus près des besoins des plantes », estime Valentin Rineau. « Nous avons déjà un système optimal d’irrigation locale goutte à goutte, avec un goutteur par arbre. Mais là, on peut encore aller plus loin dans la précision et l’optimisation. On peut lancer l’irrigation au bon moment, la déclencher sur certains rangs seulement, la couper… L’objectif, c’est de s’assurer que 100 % de l’eau apportée sera utile. »
Pour l’arboriculteur, la présence des capteurs connectés n’a pas vraiment changé ni ses pratiques, ni la vision qu’il a de son métier et de son expertise. « Je connais mes terres, je connais mes arbres et mes cultures. Ces outils connectés, je les vois comme des compléments
qui nous accompagnent, nous rassurent, mais ne nous remplacent pas ».
« Avec toutes ces données, je pense qu’on a plus de moyens d’être efficaces : on fera moins d’interventions systématiques, on ne traitera qu’aux moments critiques. L’application est outil simple, confortable et toutes les mesures sont enregistrées. Mon chef de culture, qui a 30 ans de métier, est très content de ne plus avoir à noter tous les jours ses mesures de pluviométrie ou de températures. Et on a a tout l’historique, on peut extraire des données. Sur l’exploitation, tous nos salariés ont accès à l’application et aux mêmes informations, en direct. S’il y a une alerte, on la reçoit tous en même temps. Cela nous apporte beaucoup plus de souplesse dans notre travail ».