Loups : moins de prédation mais toujours autant de pression sur les élevages

Un récent comité départemental loup a permis de dresser un état des lieux de l’expansion territoriale de l’espèce en 2020 et de son impact sur l’activité pastorale.

Au sortir de l’été 2020, le réseau Loup-lynx estimait la population de loups en France à environ 580 individus avec un intervalle de prédiction du modèle entre 528 et 633. Une estimation qui doit être actualisée dans les prochaines semaines au terme de l’hiver 2020-2021 et des nouveaux indices de présence recueillis par ce réseau multipartenaires composés de 4 300 correspondants formés dont 47 actifs dans le Cantal.

La population lupine s’étend à la fin de l’été 2020 sur 114 zones dites de présence permanente (ZPP, dont une ZPP Monts du Cantal et une Aubrac) où l’on observe des loups sédentarisés, dont 99 constitués en meutes. Le nombre de ZPP est en croissance sur le territoire national (+ 14) et le réseau Loup-lynx a pu constater une hausse sensible du nombre d’indices collectés par ses membres au cours de l’été 2020. Ce sont ainsi plus de 2 050 informations (dont 28 dans le Cantal) qui ont été expertisées sur l’ensemble de l’aire de présence du loup en six mois (avril-octobre 2020), attestant d’une forte activité sur le front de colonisation  avec cependant de nombreux indices non retenus ou invérifiables.

Un front de colonisation qui progresse

“À ce jour, le nombre de groupes sociaux continue de progresser sur la frange occidentale de l’aire de distribution actuelle, la densification du nombre de meutes se poursuit au cœur des Alpes mais, à ce jour (décembre 2020), aucune reproduction n’est identifiée dans le Massif central ni à l’ouest de la vallée du Rhône”, écrit le réseau dans son bilan de suivi estival. Sachant que ce suivi a permis parallèlement d’identifier des zones de présence “ à confirmer”. Ces secteurs apparaissent en Auvergne-Rhône-Alpes en périphérie de l’aire occupée par les meutes. Cette hausse du nombre de territoires de loups sédentarisés malgré une relative stagnation des effectifs interroge sur la dynamique démographique de cette population.

Deux individus vus sur Pailherols

Les résultats provisoires des indices collectés dans le Cantal cet hiver (entre le 1er novembre 2020 et le 31 mars 2021) font état de 23 indices sur le massif cantalien (secteurs du Puy Mary, Plomb du Cantal, plateau de Pailherols,...). La présence permanente de deux loups est acquise à ce stade dans le Cantal (deux individus ont d’ailleurs été vus ensemble à Pailherols). La question est posée d’un troisième individu.
S’agissant des constats de dommages, plus de 3 700 ont été réalisés en 2020 dans l’Hexagone, un chiffre encore en hausse mais de façon moins exponentielle que sur la période 2010-2018. Pour la première fois également, le nombre de victimes est en léger recul et passe sous la barre des
12 000 têtes sachant que le gros des prédations s’étale de juillet à octobre avec un pic en août et septembre. Sur l’année écoulée, 105 loups ont été tués (plafond autorisé à 110) ; pour 2021, ce plafond est reconduit à 110 individus, soit 19 % de la population estimée.

Loup “non exclu” sur un veau naissant

Dans le Cantal, le nombre de constats de dommages est lui en net recul : 38 en 2020 contre 62 l’année précédente (et 36 en 2018). Parmi ceux-ci, 26 ont conclu à une responsabilité du loup “non exclue”. L’effectif prédaté diminue de fait : 88 animaux morts (150 en 2019) et 22 blessés (40 en 2019). Mais ramené au cheptel ovin cantalien, ce taux de prédation reste élevé. Par ailleurs, cette baisse est à mettre en relation avec le fait que certains éleveurs ont renoncé à estiver leur troupeau pour ne pas subir de dommages, d’autres ont décidé de rentrer leurs brebis la nuit. Les élevages des communes de Saint-Paul-de-Salers, Mandailles-Saint-Julien, Saint-Cirgues-de-Jordanne, Murat et Landeyrat ont payé en 2020 le plus lourd tribut à ces attaques. Et pour la première fois, un constat de loup “non exclu” a également été acté sur un bovin à Vèze.

Dans le cadre du Plan national d’actions loup, 17 éleveurs cantaliens des cercles 1, 2 et 3 ont été accompagnés financièrement pour la mise en place de mesures de protection (chiens de protection, investissements matériels...). Par ailleurs, 9 éleveurs ont été autorisés à des tirs de défense simple et 5 ont mis en œuvre des sorties de surveillance (total de 43 sorties).
Sur ce début d’année 2021, déjà onze constats de dommages ont été réalisés dans le Cantal (contre trois seulement entre janvier et avril 2020), avec une concentration sur la période entre le 8 et 19 avril. Six de ces constats (sur Anglards-de-Salers, Landeyrat, Collandres et Saint-Étienne-de-Carlat), ont conclu à du “loup non exclus” avec sept ovins tués. Deux autres de ces onze dossiers sont encore en cours d’expertise.

Informations issues du comité départemental du suivi du loup du 24 mars et du réseau Loup-lynx.