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Le Compa, définitivement agricole ?
Basé à Chartres (Eure-et-Loir), le Conservatoire de l’agriculture, premier musée d’agriculture de France, pourrait rejoindre la campagne beauceronne, au grand dam de l’Association des amis du Compa, qui craint un enterrement.
Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, dit le proverbe. Qui veut enterrer son musée agricole le délocalise en rase campagne. C'est ce que redoute l'Association des amis du Compa suite à l'annonce, par voie de presse, du projet de délocalisation du Compa. Basé à Chartres, il accueille chaque année entre 30 000 et 50 000 visiteurs, ce qui en fait le premier musée dédié à l'agriculture de France. C'est aussi, accessoirement, le premier site de visite payant du département d'Eure-et-Loir, auquel il appartient. Le Compa est situé dans une rotonde, une ancienne remise à locomotives datant de 1905, à proximité la gare de Chartres. Le réaménagement de cette dernière pourrait entraîner l'annexion du musée, qui serait alors délocalisé dans le sud du département, autrement dit au beau milieu de la campagne beauceronne. Pour ses défenseurs, la fréquentation en pâtirait fortement, au point d'hypothéquer son avenir.
Agriculture, environnement et alimentation
Le Compa a été créé en 1990 à l'initiative de Jack Lang et Henri Nallet, respectivement ministres de la Culture et de l'Agriculture. A la manœuvre figurait le Syndicat national des entreprises de service et de distribution du machinisme agricole (Sedima), ainsi que l'Association des amis du Compa. Celle-ci, qui regroupe quelque 200 adhérents, apporte au soutien à la direction du musée pour ce qui est de la gestion des collections et les acquisitions. L'association participe au conseil scientifique et technique chargé de la conception et de l'animation des expositions. Comptant des mécaniciens et anciens mécaniciens spécialisés, l'association prend en charge également l'essentiel des restaurations de tracteurs et machines. Ses expositions, animations, conférences, projections de films abordent les questions liées à l'agriculture, à l'environnement et à l'alimentation sous des angles scientifique, technique, historique ou artistique, avec une attention particulière envers le jeune public. Pas sûr qu'une relégation en rase campagne, fut-elle beauceronne, permette au Compa d'imprimer de telles missions, aussi nobles que rares.
1,6 M € de travaux entre 2014 et 2016
En 2016, le musée, qui s'étend sur 3000 m2, avait rouvert ses portes après deux ans de travaux, avec à la clé un parcours muséographique entièrement refondé, une librairie modernisée, un espace ludique, de nouveaux espaces pédagogiques et de médiation ou encore un auditorium modulaire. Le musée avait alors érigé en mascotte la reproduction d'un tracteur Claas Arion 460 Panoramic constitué de 800 000 pièces de Lego. La rénovation avait mobilisé un investissement de 1,6 millions d'euros d'investissement. Un montant conséquent, qui ne serait évidemment pas perdu en cas de réaffectation, mais qui ne manque pas d'interpeller les défenseurs du Compa.