Matières premières : jusqu’où les prix s’envoleront-ils ?

[Edito] Depuis un an, les prix des grains ont connu des hausses exceptionnelles et ne cessent de battre des records. Face à cette situation, se pose alors la question des causes de cette flambée, des perspectives pour 2022 et des conséquences sur les pratiques agricoles.

En janvier dernier, les experts internationaux des marchés des grains, réunis lors du Paris Grain Day, avaient conclu, à l’issue d’un vote, à une nette tendance haussière des marchés pour 2021. Et ils ne se sont pas trompés ! Depuis un an, toutes les matières premières agricoles ont connu un rebond incroyable : hausse de 45% en blé tendre, 65% en blé dur, 30% en maïs, 65% en colza, 70% en orge brassicole…

Non seulement les hausses sont vertigineuses, mais elles s’accompagnent de records historiques tout azimut. Jamais le blé n’avait dépassé 300 €/t, le colza 700 €/t, le tournesol 625 €/t, etc.

Et ce qui s’applique aux grains l’est aussi au pétrole (+75%), au gaz (+75%), à l’ammonitrate (+185%), aux potassium (+130%)…  

Super-cycle des matières premières ?

Est-on entrés dans un « super-cycle » des matières premières, comme nombre d’experts l’ont conjecturé ? La question sera de nouveau à l’agenda de la prochaine édition du Paris Grain Day qui se tiendra les 27 et 28 janvier 2022 et qui sera l’occasion de tirer le bilan de cette année hors du commun.

Les causes de la hausse des cours sont extrêmement variées. Aux raisons géopolitiques, économiques ou monétaires, l’impact de la météo sur les zones importantes de production participe encore et toujours à la volatilité des prix.

Dernier exemple en date : des pluies diluviennes se sont abattues sur l’est de l’Australie, au moment où les agriculteurs sortaient les moissonneuses. Alors que la récolte australienne était attendue comme l’une des plus importantes de son histoire (autour des 32 millions de tonnes), les pluies entravent les travaux de récolte et risquent de dégrader la qualité des grains. Ces craintes continuent de soutenir les cours du blé et pour l’heure, le potentiel de baisse demeure limité.

Alignement des planètes

Fait notable : en France, l’envolée des prix des grains s’est accompagnée cette année d’une hausse des rendements pour quasiment toutes les cultures. Cet alignement de planètes favorisera-t-il une hausse des surfaces cultivées pour la prochaine campagne, notamment pour les cultures ayant pâti d’une désaffection depuis plusieurs années, comme le colza ?

Mais la hausse du prix des intrants, qui a atteint un niveau record en septembre, pourrait limiter ce phénomène. A moins que les agriculteurs ne décident de se tourner vers des cultures peu gourmandes en intrants, à l’instar du tournesol, dont le rendement et les prix ont été record cette année.