Météo : un mois de juillet 2023 presque normal sauf en Méditerranée

Après un mois de juin historiquement chaud, le deuxième plus chaud depuis 1900 derrière 2003, nous avons retrouvé, au fil des jours du mois de juillet, des conditions météorologiques nettement plus classiques, et donc normales pour le climat tempéré (océanique) qui caractérise le climat de la France.

Il est important de faire de la pédagogie sur cette situation. En effet, en liaison avec le réchauffement climatique actuel, nous commençons à oublier que le vent d’ouest est le vent dominant sur l’Europe de l’Ouest, véhiculant des masses d’air frais et humide. Malgré un ressenti de fraîcheur, les températures sont finalement voisines des normales climatiques sur de nombreuses régions. En effet, au cours de ce mois de juillet 2023, nous avons observé la mise en place progressive d’un flux de sud-ouest à ouest océanique permettant aux températures de rester proches des moyennes saisonnières. Résultat, l’humidité s’est imposée sur la plupart de nos régions à l’exception, encore une fois, des régions méditerranéennes où la sécheresse s’est accentuée et qui ont connu, en outre, un épisode de canicule remontant jusqu’en région Rhône-Alpes.

En résumé, nous terminons ce mois de juillet 2023 avec une anomalie de température positive de 0,6/0,7°C (estimation à la date du 28 juillet) ce qui contraste avec juillet 2022 où l’excédent avait été de 2,1°C, avec de nombreuses périodes caniculaires sur l’ensemble de la France ! Les températures ont été tout à fait de saison sur un large quart nord-ouest avec même un déficit sur la Bretagne (-0,2°C à Brest) mais aussi en Champagne-Ardenne (-0,8°C à Reims). De l’Aquitaine à l’Alsace nous avons observé un excédent oscillant entre 0,5 et 1,5 degré et c’est dans le sud-est de la France où les excédents thermiques sont les plus importants avec jusqu’à 2/2,2 degrés entre Marseille, Nice et Bastia. Il ne faut pas oublier que ces régions ont été placées en « vigilance canicule » durant de nombreux jours, notamment le département des Alpes Maritimes entre le 12 et le 24 juillet.

Côté précipitations, la moitié nord fut normalement arrosée avec même des excédents notables en Normandie (Caen, +50%) ou encore en Bretagne (Rennes, +80%). En revanche, les régions méditerranéennes ont passé ce mois avec peu ou très peu de pluies. Marseille termine le mois avec un déficit de 40%, Nîmes avec 60%, Montélimar avec 75% et Nice avec 79%. A l’échelle du pays, le déficit est tout de même assez marqué avec 20%.

Enfin, l’ensoleillement est globalement normal sans excédent marquant ni déficit.

Quelle est l’évolution de la sécheresse en France ?

L’évolution de la situation hydrogéologique entre mai et juillet ne s’est dégradée que très peu (désormais 68%, contre 66% en mai 2023, des niveaux des nappes restent sous les normales mensuels) en raison des précipitations orageuses observées en juin et des précipitations océaniques de juillet. La végétation de surface a su bien profiter de ce contexte et la situation est désormais quasi-normale sur la moitié nord de la France ainsi que sur les Alpes, l’ouest du Massif-Central ainsi que sur les Pyrénées.

Néanmoins, plus en profondeur, la vidange estivale semble devoir s’accélérer du fait que les pluies orageuses ne s’infiltrent que très peu dans les sols et les températures élevées ont favorisé une importante évapotranspiration. L’état des nappes phréatiques se dégrade donc toujours (cf. carte ci-dessous). Le contexte est de nouveau critique en Méditerranée où ce mois de juillet fut une fois encore très sec et chaud avec une période de canicule observée entre le 12 et 25 juillet. En revanche, si nous comparons avec juillet 2022, la situation est un peu meilleure avec 68% contre 75% à la même date en 2022.

Etat des nappes phréatiques au 26 juillet 2023 (Source : https://info-secheresse.fr)

Quelles sont les prévisions météorologiques en France pour la première quinzaine du mois d’août 2023 ?

Nos dernières modélisations suivent les précédentes à savoir la persistance de ce flux océanique sur une bonne partie de l'Europe et donc de la France. Nous observerons globalement un dégradé nord/sud assez marqué avec toujours davantage d’humidité en allant vers les régions du nord-ouest du pays et, malheureusement, une récurrence à de sèches conditions météorologiques entre le Roussillon, le Languedoc, la Provence-Alpes-Côte-d’Azur et la Corse du fait de la présence du Mistral et de la Tramontane.

Nous constatons encore une fois, ce vendredi 28 juillet au matin (cf. carte ci-dessous), que le modèle européen envisage un scénario majoritaire favorisant le maintien d’une bonne fraîcheur et encore beaucoup de précipitations, notamment lors de la première décade d’août.

Anomalies des températures et des précipitations prévues par le modèle européen (ECMWF) entre le 31 juillet et le 14 août 2023 (Source : https://www.ecmwf.int/)

A plus long terme, pour la deuxième quinzaine d’août, les différents modèles météorologiques semblent devoir s’accorder vers le retour progressif de hautes pressions et donc d’un temps nettement plus sec mais aussi plus chaud surtout si un anticyclone venait à s’installer sur le centre de l’Europe. Néanmoins, cette tendance est encore lointaine !

En résumé, la récurrence de flux d'ouest à sud-ouest, que nous observons depuis la mi-juin, va se poursuivre au moins jusqu'à mi-août !