Moins de cages, plus de bio : la filière des œufs s’adapte aux attentes sociétales

A l’occasion de la journée mondiale de l’œuf - célébrée le deuxième vendredi du mois d’octobre depuis 25 ans - les professionnels de la filière affichent avec fierté ce chiffre : en France, une poule pondeuse sur deux est aujourd’hui élevée en systèmes alternatifs à la cage, alors qu’elles n’étaient que 37% en 2017. Un objectif que la filière s’était fixé pour 2022, et qui a donc été atteint avec deux ans d’avance.

« Une progression fulgurante qui prouve la capacité de mobilisation des professionnels pour répondre aux attentes sociétales », se félicite Philippe Juven, président de l’interprofession des œufs (CNPO) et éleveur de poules pondeuses dans la Drôme. Il regrette les attaques provenant des grands patrons comme Xavier Niel (initiateur du RIP), des parlementaires comme Cédric Villani ou encore des associations environnementales, qui ne mettent pas en avant les efforts effectués par les éleveurs ces dernières années.

De 2018 à 2019, le nombre de poules en élevages en cages a diminué de 13%, tandis que les poules en élevage au sol ont fortement progressé (+52%). Les élevages en plein air ont augmenté de 15% et ceux en bio de 31%.

Selon les derniers chiffres de la filière, les poules élevées en cages ne représentent plus que 47% de la production française. Les poules élevées en bio représentent désormais 18% de la production, tout comme le plein air (18%). Le pourcentage de poules élevées au sol en bâtiments est passé à 12% et le Label Rouge à 5%.

Hausse du bio... jusqu'à quand ?

La production bio est celle qui affiche le plus fort taux de croissance annuel : + 14,5% en moyenne entre 2013 et 2019. Si la production est pour l’instant en phase avec la demande, « il faudra être attentif au risque de surproduction », note Philippe Juven. Sur les 7 premiers mois de 2020, les ventes d’œufs bio ont progressé de 24% par rapport à la même période en 2019.

L’interprofession attache aussi une vigilance particulière à ce que la France conserve son indépendance alimentaire en matière d’œufs. Les mises aux normes et les transformations imposées par la demande sociétale coûtent cher en investissements et les porteurs de projets se heurtent parfois à des difficultés pour l’obtention des permis de construire, même pour des élevages bio ou plein air. Quant à la transformation d’un élevage en cages à un élevage au sol, il entraîne une diminution d’environ 30% du nombre de poules. Autant de freins potentiels à la hausse de la production d’œufs.

Côté consommation, l’année 2020 conforte l’œuf comme un produit indispensable du quotidien. En témoigne la ruée observée pendant le confinement : du 16 mars au 12 avril, 611 millions d’œufs ont été vendus aux consommateurs Français, soit un bond de 44% par rapport à la même période en 2019 et atteignant même +75% dans les réseaux de proximité.